La chercheuse en sexologie Jessica Caruso dresse ici un portrait de la scène BDSM montréalaise, qui réunit les adeptes du bondage, de la discipline, de la domination-soumission, du sado-masochisme, à partir de l’échantillon qu’elle a observé en 2009. Une scène encore enveloppée de préjugés, mais qu’on découvre sophistiquée, régulée par des normes et des codes très développés, et beaucoup moins axée sur la sexualité et la génitalité qu’on ne l’imagine — puisque le pouvoir et ses échanges sont souvent le véritable enjeu. Dominants, soumises (surtout), maîtres, esclaves, switch, outre les rôles, l’essayiste aborde les motivations des participants, les outils (ou jouets), certaines pratiques, les règles de comportement et de sécurité. La communauté montréalaise aurait la particularité d’être à peu près mixte, dosage semble-t-il assez unique au monde. Si, en entrevue, l’auteure mentionne que la scène BDSM a déjà grandement évoluée depuis son étude de terrain — les rôles se multiplient, la sexualité est parfois intégrée, les règles s’assouplissent pour mieux répondre aux personnalités des participants — son livre permet de comprendre mieux des pratiques qu’on qualifie trop souvent d’étranges plutôt que de différentes.