À chacun ses lectures de cégep

Les cinq écrivains finalistes entourent la ministre Hélène David.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Les cinq écrivains finalistes entourent la ministre Hélène David.

À l’approche de la remise du Prix des collégiens, Le Devoir a demandé aux cinq auteurs finalistes de nous parler du Prix, de leur bouquin et de leurs souvenirs de jeunes lecteurs. Leurs réponses présagent de grands dilemmes pour le jury du Prix, qui doit délibérer ce soir à Québec.

Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Nicolas Dickner

Nicolas Dickner

Six degrés de liberté (Alto)

Quel livre t’a marqué au cégep ?

Très certainement Moby Dick. C’est le premier véritable ouvrage littéraire ambitieux dans lequel je me suis lancé. À l’époque où il est paru [1851], ça repoussait les limites de ce qu’on croyait faisable, et quand je l’ai lu, près d’un siècle et demi après, j’avais encore cette impression-là.

Qu’est-ce que représente le Prix des collégiens pour toi ?

Ça donne un polaroïd de ce qui intéresse les jeunes lecteurs en ce moment. Ça nous donne un avis super intéressant, surtout qu’on entend souvent dire que les jeunes ne lisent pas. Chaque année le Prix des collégiens vient prouver le contraire.

Qu’est-ce qui, dans ton livre, peut les toucher ?

Je ne sais pas, il faudrait leur demander ! (rires) Je pense que c’est ma tentative de décoder le monde dans lequel on vit. Ces codes-là s’expriment dans ce qu’on consomme, ce qu’on porte ou pas, dans la façon dont on fréquente les magasins, mais aussi les grands phénomènes. J’essaie un peu de décoder ça par la base.
 

Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Clara B.-Turcotte

Clara B.-Turcotte

Demoiselles-cactus (Leméac)


Quel livre t’a marquée au cégep ?

Quand j’étais au cégep, le roman qui m’a le plus marquée, c’est Les hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. C’est un roman que j’avais adoré. Je me reconnaissais beaucoup dans les personnages. J’étais dans une phase très romantique, je lisais beaucoup de littérature du XIXe siècle à cette époque-là.

 

 Qu’est-ce que représente le Prix des collégiens pour toi ?

 

Pour moi, ça a été vraiment une occasion très spéciale, parce que ça m’a permis de communiquer avec des gens qui avaient lu mon livre. Je me sentais privilégiée de ça parce que c’étaient des jeunes. C’est bien qu’il y ait un prix où ils peuvent voter, où ce n’est pas une institution qui décide.

   

 Qu’est-ce qui, dans ton livre, peut les toucher ?

   

Je pense que mon écriture est assez colorée. Le langage est plus oral, donc c’est plus facile à lire. Il y a beaucoup de formes différentes dans mon roman, ce qui fait que ça garde l’attention beaucoup. Quand on est aux études, c’est parfois difficile de se concentrer.
 

Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Daniel Grenier

Daniel Grenier

L’année la plus longue (Le Quartanier)
 

 Quel livre t’a marqué au cégep ?

   

Le roman La méprise de Nabokov a été très marquant, parce que je me suis rendu compte que c’était possible d’écrire de façon très littéraire, mais que ce soit aussi emballant d’un point de vue narratif.

 Qu’est-ce que représente le Prix des collégiens pour toi ?

   

C’est un des plus beaux parce que c’est un prix de lecteurs. On s’éloigne de l’idée de jury. Il y a une espèce d’esprit collégial — c’est le cas de le dire — avec cette possibilité pour les jeunes de débattre des livres ensemble.

 Qu’est-ce qui, dans ton livre, peut les toucher ?

   

Ce que je remarque, c’est que c’est un livre qui les réconcilie avec une certaine idée qu’ils s’étaient faite de la littérature québécoise, avec des oeuvres plus arides du corpus. Mon livre est haletant, il y a plusieurs personnages, de l’action, une ambition de fresque historique.
 

Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Patrick Nicol

Patrick Nicol

La nageuse au milieu du lac (Le Quartanier)
 

 Quel livre t’a marqué au cégep ?

   

Quand j’étais au cégep, tout le monde lisait Le meilleur des mondes et 1984. À ce moment-là, ça créait l’impression que la littérature avait une fonction sociale importante, et au cégep, on est très mûrs pour faire ces remises en question là.

 Qu’est-ce que représente le Prix des collégiens pour toi ?

   

Je suis prof de cégep et le prix a été créé par mon collègue et voisin de bureau, Bruno Lemieux. J’ai participé aussi comme professeur aux premières éditions du Prix, alors j’y suis très attaché et je suis très fier de mon collègue.

 Qu’est-ce qui, dans ton livre, peut les toucher ?

   

Je ne le sais pas. Ça me fait un peu peur en fait. Puisque je donne des indices sur [ma] vie privée, les gens commencent à chercher ce qui est vraiment arrivé ou pas. […] J’espère que tout le monde va jouer au jeu de la littérature et ne pas tomber dans le fait vécu même si je sais qu’il y a quelque chose de touchant là-dedans.
 

Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Monique Proulx

Monique Proulx

Ce qu’il reste de moi (Boréal)
 

 Quel livre t’a marquée au cégep ? 

L’avalée des avalés de Réjean Ducharme. Avant, je pensais qu’il fallait être Français pour écrire de bons livres, et ce livre-là a été pour moi une affirmation étincelante, spectaculaire de la singularité de notre univers. Ça m’a donné la permission d’écrire.

Qu’est-ce que représente le Prix des collégiens pour toi ?

 

 Ce qui est le plus intéressant dans ce prix-là, c’est la trajectoire. D’abord, on sait qu’on a été lu par plusieurs centaines de collégiens, ce qui est vraiment un cadeau. Et ensuite, on a des rencontres formidables avec eux. Il y a quelque chose de très vif et encourageant dans cet échange-là.

Qu’est-ce qui, dans ton livre, peut les toucher ?

 

C’est un livre humaniste à une époque où beaucoup de livres relèvent du divertissement, où on apporte toutes sortes d’aventures incroyables pour que les gens s’enfuient. […] Ce sont des personnages qu’on n’est pas habitués de rencontrer, qui ne sont pas glamour : des religieux, des gens âgés, des itinérants…

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