Libre livre et livre libre
Comment penser les activités d’un salon du livre ? Comment trouver l’équilibre entre la littérature, l’essai, le livre pratique, la fiction et le vécu ? Micheline Chartrand, responsable de la programmation du Salon du livre de l’Outaouais, qui inaugure aujourd’hui jeudi sa 37e édition, admet en appeler fortement à son intuition quand elle compose sa partition.
« C’est un salon du livre, pas un salon de la littérature, a-t-elle précisé au Devoir en entrevue téléphonique. Il faut des activités pour absolument tout le monde. J’adore faire découvrir de nouveaux auteurs, mais il faut aussi un ballant avec des “locomotives” — Patrick Senécal, Marie Laberge, Dany Laferrière, par exemple. Il faut qu’il y ait quelque chose pour les plombiers, les chasseurs, les amateurs de cuisine — on ne peut pas passer à côté de la cuisine… —, il faut parler santé, et à travers ça, glisser des auteurs comme France Martineau, à découvrir. »
Marie Laberge, qui célèbre cette année ses 40 ans de carrière, est la présidente d’honneur de cette édition. L’accompagnent, comme invités d’honneur, l’auteur de polar Martin Michaud, la poète de l’Outaouais Julie Huard, le romancier Nicolas Dickner, l’auteure jeunesse Katia Canciani et l’écrivaine Michèle Matteau.
À surveiller
Une particularité cette année ? « Je retiens d’abord la venue des éditions Mémoire d’encrier, mentionne d’emblée madame Chartrand. Ça me faisait mal au coeur depuis des années de ne pas les voir ici, c’était vraiment essentiel qu’ils arrivent, ça manquait, ces paroles différentes, cette présence autochtone, cette façon unique de porter des auteurs des Caraïbes, de Palestine, du Grand Nord, d’ici… » Et les éditions arrivent en grand attelage, avec Dany Laferrière, Joséphine Bacon, Samian et l’éditeur et poète Rodney Saint-Éloi.
Parmi les activités à surveiller, notons, entre autres, l’hommage au traducteur littéraire, rendu cette fois pour la première fois à un traducteur du français vers l’anglais. Donald Winkler s’est attaqué à l’Arvida (Quartanier) de Samuel Archibald, et le livre a fait partie des finalistes au prestigieux prix Giller (samedi, 19 h). L’Outaouais, selon Micheline Chartrand, est une région forte en slam, et D-Track sera en performance (vendredi, 19 h), suivi par Samian et Joséphine Bacon pour Les nuits amérindiennes (19 h 30). L’expert judiciaire François Julien téléporte sa « Reconstitution d’une scène de crime grâce à l’étude des projections de sang » (samedi, 15 h ou 16 h 30). Monia Mazigh, Julie Huard et Michèle Matteau, observatrices de la société, auteures et voyageuses, discuteront de la liberté dans le monde, du point de vue des femmes (samedi, 16 h 30). Comment la bibliothèque évoluera-t-elle, comment doit-elle évoluer ? Une table ronde réunira l’ancien directeur de la Grande Bibliothèque Guy Berthiaume, l’auteure Andrée Poulin, Mireille Apollon et Valérie Lessard (dimanche, 14 h 30).
Pour les jeunes
Les activités jeunesse sont nombreuses. Une demi-douzaine d’auteurs, incluant Annie Groovie et François Gravel, vont depuis quelques jours à la rencontre des jeunes, dans une quinzaine d’écoles, et se retrouveront au Salon du livre. Ari Cui Cui (samedi, 10 h) et Nathalie Choquette (dimanche, 9 h 30) sont de celles, selon madame Chartrand, qui aimantent les enfants.