Les «dragons-patates» fêtent leurs cinq ans

Les créateurs de la série Les Dragouilles, l’auteure Karine Gottot et l’illustrateur Maxim Cyr.
Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir Les créateurs de la série Les Dragouilles, l’auteure Karine Gottot et l’illustrateur Maxim Cyr.

Depuis maintenant cinq ans, de drôles de bibittes établies sur les cinq continents font « découvrir » les grandes villes du monde aux enfants du deuxième cycle du primaire (et parfois aux plus jeunes…). Et réussissent à faire lire les plus récalcitrants, grâce à leur humour « patate » irrésistible, ou plutôt à celui de leurs créateurs, l’auteure Karine Gottot et l’illustrateur Maxim Cyr, et leur façon fort originale de les faire voyager sans quitter la maison.

Treize destinations (et quinze numéros) plus tard, ce projet né pendant les pauses de travail du tandem, dont les membres faisaient déjà équipe pour d’autres séries jeunesse, et inspiré entre autres de la défunte émission Mange ta ville, connaît un succès rare en littérature jeunesse québécoise de nos jours, avec 100 000 exemplaires vendus.

Paris, Tokyo, Auckland, Tunis, New Delhi, Barcelone, Rio de Janeiro, voilà quelques villes plus ou moins exotiques que les jeunes lecteurs découvrent « avec des anecdotes, des choses que les gens ne connaissent pas, explique l’une des créatrices, Karine Gottot, en entrevue au Devoir. On passe quand même beaucoup de temps à trouver plein d’informations inédites » qui sont relayées dans la série d’albums, à travers les capsules documentaires, mais aussi (dans une moindre mesure…) les courtes bandes dessinées rigolotes mettant en vedette les fameuses Dragouilles, qui ont chacune leur personnalité bien définie… L’artiste, la branchée, la geek, la rebelle, le cuistot et les jumeaux ont tous droit à leur minute de gloire dans chaque numéro avec une série d’historiettes qui se résument en quelques cases et servent un humour qui sait faire rire les enfants de 7 à 12 ans, et parfois même leurs aînés.

Les clés du succès

 

Selon Karine Gottot, ce sont ces personnages qui attirent d’abord les jeunes dans ces « guides de voyage » nouveau genre : « On a toujours des petits spectacles Dragouilles dans les salons du livre, [les enfants] nous font nos blagues et ils nous disent laquelle ils préfèrent. [...] Ou ils nous suggèrent des blagues ». Les suggestions ne s’arrêtent pas là, puisque les fans des Dragouilles proposent également de nouvelles destinations à explorer. Les auteurs ont d’ailleurs décidé de les exaucer dans leurs prochains numéros. Et ainsi faire plaisir à leur public… dont une partie est parfois en terrain connu : « La surprise des Dragouilles, ce sont toutes les familles d’immigrants qui sont bien contents qu’on parle un peu d’eux… »

Cette série destinée au départ aux élèves du deuxième cycle du primaire plaît également à de plus jeunes lecteurs. Karine Gottot, qui dit avoir écrit les Dragouilles « en pensant aux élèves de 4e et 5e année », constate que la série a également beaucoup d’adeptes au premier cycle. Lors de visites scolaires, elle se retrouve « à faire toute l’école ». Ce serait d’abord « le côté très attachant des personnages » qui les attire d’abord : « Ils commencent par ça, puis après, quand ils relisent, ils comprennent autre chose. »

Mais tout cet engouement n’est pas arrivé comme par magie. L’auteure, également enseignante de sciences humaines de formation, indique que les professeurs « jouent un rôle incroyable » dans le succès des Dragouilles : « Quand on demande aux jeunes où ils ont connu les Dragouilles, 90 % du temps ils répondent “à l’école”. » Les livres de la série ont fait leur chemin dans les classes, au point que, dans certaines écoles, des projets pédagogiques sont articulés autour des personnages. Ils ont également trouvé preneurs dans les classes d’immersion française au Canada anglais, « parce que les textes sont courts », explique Karine Gottot. Et c’est sans doute ce qui explique pourquoi la série fonctionne auprès de garçons « qui avaient du mal à s’intéresser à la lecture ».

Et le lectorat risque de s’élargir encore un peu puisque les Dragouilles traverseront l’Atlantique en 2016 pour conquérir les curieux d’Europe francophone. Les fidèles d’ici auront pour leur part droit un numéro « hors collection » cet automne pour célébrer ce cinquième anniversaire. En attendant, ils pourront toujours refaire le tour du monde avec les éditions précédentes pendant les vacances d’été…

Les Dragouilles

Une série publiée aux éditions Michel Quintin. Quatorze tomes publiés jusqu’ici, et quelques hors-série. 


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