Le vivant à l’épreuve de la crise

La biodiversité mondiale est-elle sur le point de vivre une nouvelle crise majeure ? C’est l’une des questions auxquelles tentent de répondre deux scientifiques rattachés au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, le géologue Patrick De Wever et Bruno David, spécialiste de l’évolution biologique.
Une longue, très longue histoire de la vie sur la Terre est racontée dans La biodiversité de crise en crise, un essai de vulgarisation scientifique qui rappelle, non sans humour, que la biosphère a été marquée par plusieurs « extinctions en masse », dont la plus récente est associée à la disparition des dinosaures il y a… 65 millions d’années.
L’analyse de ces grands bouleversements à l’échelle du vivant nous apprend que « la biodiversité est le produit du changement, pas du statu quo », et que les périodes de déséquilibre sont suivies par « une phase de diversité minimale, puis par une phase de récupération lorsque la richesse en espèces augmente de nouveau ». La diversité biologique est donc fille de la crise, mais devons-nous pour autant être encouragés ?
Tous, tous les vivants
Même si De Wever et David refusent de se prêter au jeu du scénario catastrophe, les crises ne sont jamais des phénomènes instantanés, la situation actuelle est pour le moins préoccupante, d’autant plus que l’environnement n’est pas le premier souci de l’Homo sapiens, cette espèce dominante, arrivée sur le tard et qui « tend à s’imposer au détriment de toutes les autres ».
Ce sont les effets de ce déséquilibre sur la biodiversité et la vitesse à laquelle ils se produisent qui inquiètent, même s’ils restent pour le moment difficiles à prévoir. Les causes d’une crise sont toujours multiples et le vrai problème repose sur « les usages que nousfaisons de la planète et le sacro-saint principe de la croissance infinie sur une planète finie ».
Tous les êtres vivants doivent être considérés pour mesurer les effets négatifs de cette croissance. Insectes, vers, bactéries et micro-organismes ne sont peut-être pas aussi attendrissants que les pandas géants ou autres espèces emblématiques, mais « il convient de ne pas perdre de vue que le plus important n’est pas forcément le plus gros ». D’ailleurs, l’homme, faut-il le rappeler, est une espèce parmi d’autres et « la planète pourrait fort bien se passer de nous, notre ego dût-il en souffrir ».