Le pronostic des cégépiens de Lévis

Des étudiants du cégep de Lévis-Lauzon sont en pleine discussion.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Des étudiants du cégep de Lévis-Lauzon sont en pleine discussion.

Au cégep de Lévis-Lauzon, les participants au Prix littéraire des collégiens se réunissent dans un local sis au fin fond d’un corridor. « C’est parce qu’ils parlent fort, explique leur enseignante Christine Gauthier. On ne voulait pas déranger les autres classes. »

Depuis le début de l’année, ils se réunissent chaque semaine pour débattre des qualités de cinq ouvrages : La ballade d’Ali Baba de Catherine Mavrikakis, Bondrée d’Andrée A. Michaud, Fais pas cette tête de Jean-Paul Baumier, Le feu de mon père de Michael Delisle et L’orangeraie de Larry Tremblay.

L’orangeraie est de loin leur favori. « C’est l’oeuvre qui m’a donné envie d’en reparler ensuite, plaide Marianne. Ça m’a laissé une trace. » Une autre étudiante ajoute que le roman l’a amenée à s’interroger sur le phénomène du terrorisme et des êtres humains derrière les attaques.

Débat animé

 

Lors de notre visite, ils étaient 19 étudiants à débattre, dont une majorité de filles, tendance qui se confirme chaque année au Prix des collégiens.

Mais les garçons qui participent ne manquent pas de verve. Pierre-Alexis multiplie les allusions au cinéma pour étayer ses arguments. « On ne peut pas comparer L’orangeraie avec Le feu de mon père, dit-il. J’aurais l’impression de comparer Scorsese et Tarantino. » Plus tard, Camille parle du cinéaste Wes Anderson pour qualifier le personnage « caricatural » du père dans La ballade d’Ali Baba.

C’est elle qui a été choisie pour représenter tout le groupe aux délibérations nationales du Prix, à Québec ce jeudi soir. Même si son livre favori est Le feu de mon père, elle devra défendre en priorité L’orangeraie, qui a gagné la faveur de son groupe.

Comme l’explique son enseignante, l’objectif du Prix est justement d’amener les jeunes à argumenter au-delà de leurs goûts et de leurs sensibilités. « Au fur et à mesure de l’exercice, ils sont moins dans l’émotion, dit-elle. On essaie de faire en sorte que la discussion soit constructive même s’ils n’ont pas aimé. Qu’est-ce que l’auteur aurait pu enlever dans son livre ? Qu’est-ce qui manque ? »

L’exercice cadre tellement avec le cours de critique littéraire que le Prix est désormais formellement intégré au cursus. « Ça fait 13 ans que le cégep participe au Prix, mais à l’intérieur du cours, c’est la septième année », dit-elle.

Au-delà de la littérature, l’exercice suscite des réflexions à l’étendue parfois insoupçonnée, selon elle. « Parfois, les débats mènent à des discussions sur la vie ou l’actualité. Ou ils vont faire des recoupements avec d’autres oeuvres. Ils sont en train de grandir à travers ça. »

Le nom du lauréat ou de la lauréate du Prix des collégiens doit être dévoilé vendredi midi dans le cadre du Salon du livre de Québec. On saura alors si le pronostic des jeunes de Lévis-Lauzon est représentatif de celui des dizaines de collèges participants.



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