Sauvons les livres monte au front

Le mouvement Sauvons les livres, qui regroupe des éditeurs, des écrivains et des libraires, s’oppose vigoureusement à ce que le gouvernement du Québec mette un terme à l’exemption de la taxe provinciale de vente sur les livres, tel que le propose la commission Godbout.
Déjà, en 2011, alertée par une telle menace, la Table de concertation du livre envoyait une lettre au premier ministre libéral Jean Charest pour s’opposer à la levée de cette exemption. « Les membres de la Table de concertation du livre ont eu vent que votre Ministère examinait la possibilité d’abolir l’exonération de la TVQ dont bénéficie le livre », écrivait-elle aussi au ministre des Finances de l’époque, Raymond Bachand.
Entre-temps, cette éventualité a été écartée. Puis, quand les libéraux ont repris le pouvoir, ils ont mis au rancart le projet de loi du Parti québécois qui introduisait un prix réglementé du livre, en en interdisant un rabais supérieur à 10 % dans les neuf mois qui suivent la sortie d’un livre.
Or le marché du livre est présentement en chute libre. En 2013-2014 seulement, l’Observatoire de la culture et des communications a relevé un recul des ventes de 9 %, note le mouvement.
Dans ce contexte, l’addition d’une taxe de plus de 10 % au prix de l’ensemble des livres aurait un effet désastreux sur une industrie déjà précaire.
Par ailleurs, les crédits d’impôt à la création littéraire et cinématographique qui accompagneraient ces taxes ne compenseraient en rien cette augmentation du prix du livre en magasin. En fait, le gouvernement Couillard a déjà réduit de 20 % le crédit d’impôt aux éditeurs en juin dernier. En rétablissant ce crédit d’impôt, il ne ferait que redonner aux éditeurs ce qui leur a été enlevé il n’y a même pas un an.
L’exemption de la taxe de vente sur le livre a été pour sa part gagnée de chaude lutte par la Coalition du monde du livre, peu après l’avènement de la taxe de vente provinciale, en 1991, rappelle Élodie Comtois, porte-parole du mouvement Sauvons les livres.
S’il rétablissait la taxe provinciale de vente sur les livres, le Québec serait la seule province du Canada à le faire. Le gouvernement fédéral impose déjà une taxe de vente de 5 % sur l’ensemble des livres du pays.
Élodie Comtois rappelle que le livre demeure le parent pauvre de l’industrie québécoise de la culture, même si c’est celui qui emploie le plus grand nombre de personnes. Elle doute que l’ensemble de l’argent perçu par la taxe de vente profite à l’industrie du livre.