Les faits divers, la téléréalité, les événements médiatiques et les débats publics jouent de plus en plus avec les émotions. Pierre Le Coz, spécialiste en philosophie morale, que l’on connaît aussi pour ses travaux sur l’éthique médicale, n’est pas le seul à remarquer que l’on fait régulièrement appel au pathos dans nos sociétés. Il propose cependant une voie de solution. Comment déjouer les stratégies manipulatrices qui tentent de rendre les individus plus ou moins craintifs, colériques, respectueux ou indignés ? La raison seule peut-elle endiguer le « pouvoir contingent des émotions » ? Non, répond le philosophe. « Les émotions doivent être laissées à leur libre jeu démocratique, se réviser et se contre-réviser, jusqu’à ce qu’une décision équilibrée puisse sortir de leur confrontation. » À partir d’exemples concrets souvent tirés de l’actualité et rejetant une approche purement rationaliste qui préconiserait une mise à l’écart des différentes formes d’affects, Le Coz préfère examiner les possibilités qu’offre le travail de réflexion sur la nature exacte de ce que l’on ressent sous le coup… de l’émotion.