Québec rejette clairement toute réglementation sur le prix du livre

La ministre de la Culture et des Communications a clairement balayé du revers de la main le projet de réglementer le prix des livres. Lors de l’étude des crédits accordés à son ministère, Hélène David a également émis la possibilité de réviser la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre (dite la loi du livre), si nécessaire.
« Nous ne pensons pas que le prix unique règle la question entière des librairies agréées. Car il y a un compétiteur encore plus terrible [que les grandes surfaces] : les achats sur le Web à partir de grande plateformes internationales », a déclaré la ministre, jeudi.
La semaine dernière, Mme David a mandaté l’adjoint parlementaire et député de Sherbrooke, Luc Fortin, de mener une réflexion sur les moyens de consolider les librairies agréées « pour assurer l’accessibilité au livre en maintenant un réseau de librairies agréées fort partout au Québec et sur le Web », selon les termes du communiqué.
Le mandat a été donné alors que la majorité du milieu du livre souhaitait que la ministre endosse la décision de son prédécesseur, Maka Kotto, d’aller de l’avant avec un projet de loi sur un prix plancher pour les livres neufs, après les audiences tenues sur la question à l’automne dernier. Mme David a répété qu’il ne s’agissait pas de repartir à zéro, que l’adjoint parlementaire reprendrait les discussions là où les audiences de l’automne les avaient laissées.
« On ne partage pas les mêmes moyens, mais on partage le même objectif : soutenir les librairies », a affirmé M. Fortin lors de l’étude des crédits budgétaires à Québec, jeudi. Car selon lui, la commission est arrivée à une conclusion commune : la précarité des librairies agréées indépendantes, qui jouent un rôle important comme outil de diffusion de la culture en région et comme gage d’une diversité de titres disponibles. Il a indiqué qu’il avait déjà prévu des rencontres « prochainement » avec Hervé Foulon, président du comité consultatif sur la lecture et le livre, et Richard Prieur, de l’Association nationale des éditeurs de livres.
Pourquoi est-il hors de question de réglementer le prix du livre ? « Pour protéger les consommateurs, notamment les moins bien nantis afin qu’ils puissent continuer à avoir accès aux livres », a précisé M. Fortin
Mme David a par ailleurs ouvert la porte à une possible révision de la loi du livre, qui date de 1981. « La question est tellement complexe que peut-être que ça va nécessiter de rouvrir la loi du livre », a-t-elle dit. Un geste que la majorité des acteurs du livre avaient pourtant demandé d’éviter lors de la commission parlementaire à l’automne pour protéger une écologie qui, selon eux, fait l’envie d’autres pays où le marché dicte ses lois. La loi du livre répartit les droits et obligations de toute la chaîne du livre, des auteurs aux libraires agréés (qui desservent les institutions publiques) en passant par les distributeurs et les éditeurs.