Les critiques des collégiens - Un héritage double

En marge du Prix littéraire des collégiens, qui a couronné en mai dernier Guano, premier roman de Louis Carmain (Hexagone), il y a le prix des critiques des collégiens. En quelque 350 mots, les jeunes critiques participants résument, argumentent et pèsent à l’écrit un des cinq livres finalistes de cette édition du Prix des collégiens. Nous publions cette semaine les meilleurs textes — un par livre —, sélectionnés par Bruno Lemieux, professeur au cégep de Sherbrooke, Louise Gérin-Duffy, professeure à la retraite du collège Jean-de-Brébeuf, et Catherine Lalonde, journaliste responsable du cahier Livres du Devoir. Aussi, les portraits de certains membres du jury, croqués lors de la délibération à Québec par notre photographe Renaud Philippe.
Selon l’expression populaire, la vérité choque. Mais les mensonges ne font-ils pas encore plus mal ? Mensonges, le plus récent roman de Christiane Duchesne, repose sur une série de demi-vérités, de cachotteries et de révélations indicibles qui touchent cinq générations et se croisent en deux récits intercalés : celui de la dernière escapade de Vautour, un contrebandier à l’époque de la Prohibition, et celui d’une chasse au trésor mouvementée menée par les improbables survivantes d’une famille, sa famille, marquée par la tragédie.
Intriguée par un message mystérieux sur le testament de son père, Parmélie, sentant sa mort venir, invite son arrière-petite-fille Violette à déchiffrer le secret. Leur quête parsemée d’énigmes et de rebondissements leur fera réaliser que l’héritage légué est plus lourd à porter qu’elles ne le croyaient au départ.
Christiane Duchesne présente avec doigté le passage de l’enfance à l’adolescence, avec ses hauts et ses bas : alors que l’amitié qui unit les jeunes Violette et Émile, âmes soeurs depuis toujours, se sublime en amour, la relation de confiance entre l’orpheline et sa protectrice est mise à rude épreuve.
Malgré les deuils célébrés quasi religieusement par Violette lors des jours de « mauvais anniversaire », malgré les mensonges de Parmélie, l’aventure est joyeuse et fait chaud au coeur, dans une atmosphère de mystère enfantin qui donne une légèreté au récit.
L’amour entre Violette et son arrière-grand-mère Parmélie émane de toutes les lignes du roman, écrit dans un style simple, tendre et sensible, qui met en avant les grands deuils de l’enfance, les amours naissantes et les petits bonheurs du quotidien.
Dans la cuisine aux odeurs sucrées et dorées, on entend des bribes de conversation du matin entre Parmélie et Violette : elles parlent de tout et de rien, elles rient et se comprennent. Au coeur de cette complicité, le bonheur surmonte les larmes, la confiance transcende les mensonges, l’espoir étrangle la fatalité, et c’est tout ce qui compte.
Xin Ci, Collège Jean-de-Brébeuf