L’UNEQ souhaite que la question du livre soit un enjeu électoral

«Plus de 12 000 emplois directs sont en jeu dans le seul secteur du livre qui procure des revenus de près de 700 millions de dollars annuellement», insiste l'Union des écrivaines et des écrivains québécois.
Photo: Annik MH de Carufel - Archives Le Devoir «Plus de 12 000 emplois directs sont en jeu dans le seul secteur du livre qui procure des revenus de près de 700 millions de dollars annuellement», insiste l'Union des écrivaines et des écrivains québécois.

L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) a exhorté mardi les différents partis politiques à prendre position sur une variété d’enjeux touchant le livre et ses artisans. On parle entre autres du respect du droit d’auteur, des pratiques contractuelles, du régime de déductions fiscales jugé désuet et, bien sûr, de la réglementation du prix du livre neuf imprimé et numérique sur laquelle Maka Kotto, le ministre sortant de la Culture et des Communications, a statué en décembre.

 

« La présente joute électorale qui met l’économie et la question identitaire à l’avant-scène devrait faire une place de choix à la contribution des écrivains à la vie culturelle du Québec. Plus de 12 000 emplois directs sont en jeu dans le seul secteur du livre qui procure des revenus de près de 700 millions de dollars annuellement. L’existence de centaines de petites et moyennes entreprises dépend de la création littéraire et de toute l’activité qu’elle génère. Les partis politiques qui veulent faire du développement économique du Québec une priorité doivent en prendre acte », insiste l’UNEQ.

 

Au coeur des revendications formulées, on retrouve également la question de l’intégration de la littérature québécoise dans les programmes scolaires des niveaux primaires à universitaires.

 

« L’UNEQ plaide depuis nombre d’années pour un enseignement plus large et systématique de la littérature québécoise à tous les niveaux d’enseignement. Elle est d’avis qu’il faut accroître la place de la littérature dans les programmes scolaires et renforcer la formation des maîtres en cette matière puisqu’ils jouent un rôle clé dans la revalorisation du patrimoine littéraire québécois auprès des élèves. »

 

Majeur, cet enjeu contribue à la spécificité culturelle québécoise, estime l’organisme.

 

Consensus

 

Du côté de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), on endosse la démarche de l’UNEQ. « Il s’agit de requêtes très positives. Au sujet de la présence du livre québécois dans les écoles, on en a nous-mêmes fait la demande à plusieurs reprises. On a fait beaucoup de démarches dans ce sens […] Il y a un gros travail à faire du côté de l’école secondaire, en particulier. C’est bien beau les cours d’histoire, mais les considérations littéraires et culturelles ne sont pas négligeables », a déclaré au Devoir Richard Prieur, le directeur général de l’ANEL.

 

D’aucuns peuvent y voir une évidence, mais le dossier est en réalité moins simple qu’il n’y paraît. « Il faudrait voir s’il y a vraiment une volonté politique, à la base. Ensuite, il faudrait voir si on ne s’empêtre pas parfois dans des détails techniques de programmes, de suggérer M. Prieur. C’est une grosse machine à faire bouger, le ministère de l’Éducation. Ajoutez l’avènement du numérique et l’importance de respecter la primauté du droit d’auteur… C’est un chantier très complexe. »

 

Complexe, mais pas impossible à réaliser. « Les gens du livre se sont unis pour mener la bataille du prix plancher, avec des résultats positifs. Qui sait l’impact qu’auraient la même solidarité et le même travail concerté dans le dossier de l’intégration de la littérature québécoise et canadienne-française dans les écoles ? Il s’agit de canaliser nos efforts », conclut M. Prieur.

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