Livres – Entre fleuve et rivière, Gabrielle Roy et Margaret Laurence

Nées toutes deux dans les Prairies canadiennes, au Manitoba, Gabrielle Roy et Margaret Laurence se sont échangé 32 lettres, écrites en anglais, entre 1976 et 1983 (année de la mort de l’auteure de Bonheur d’occasion). Malgré une correspondance un peu clairsemée et le fait que ces deux écrivaines majeures ne se soient rencontrées qu’une seule fois en personne, à l’occasion d’un colloque sur la littérature canadienne à Calgary en 1978, il émane de cet échange une complicité qui passe autant par leurs livres que par leur attachement aux paysages où elles sont nées. Par une même éthique littéraire aussi, puisqu’être un écrivain (un véritable écrivain) consiste semble-t-il pour toutes les deux à « embrasser toute cette variété en un seul cercle d’humanité souffrante » (Roy). Tracas du quotidien, ennuis de santé, lectures réciproques, Entre fleuve et rivière est traversé par la spontanéité et le désir réel de connaître son interlocuteur. « Comment se fait-il que nos coeurs soient si rarement capables de l’absorber tout entière ? », se demande au sujet de la beauté une Gabrielle Roy installée dans son chalet de Petite-Rivière-Saint-François, « [u]ne si grande partie de notre vie se passe à lutter, lutter, lutter ».

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