Prix unique du livre - Maka Kotto pressé par l’opposition

Dans ce dossier, le milieu du livre s'est souvent prononcé en faveur du réglementation des prix.
Photo: Frédéric de la Mure Dans ce dossier, le milieu du livre s'est souvent prononcé en faveur du réglementation des prix.

Au jour d’inauguration du 36e Salon du livre de Montréal, le ministre de la Culture, Maka Kotto, a été pressé mercredi de prendre position sur le prix unique du livre à la fois par la Coalition avenir Québec (CAQ) et par Québec solidaire (QS), deux partis qui tiennent pourtant des discours opposés dans ce dossier.

Le ministre Kotto a redit ce qu’il répète depuis plusieurs semaines, soit que son gouvernement a « à cœur l’idée de sauver notre réseau de librairies indépendantes, et [que] nous allons y arriver, de façon équilibrée et structurée », avant de préciser que la solution ne se trouve ni du côté de la CAQ ni de celui de QS.

La députée caquiste Nathalie Roy a ouvert le bal en demandant si le gouvernement allait « enfin annoncer qu’il va laisser tomber le prix unique du livre », une mesure qui, selon son parti, « va nuire à l’accessibilité des livres » sans aider les « librairies indépendantes à relever le défi du numérique ».

Françoise David, de Québec solidaire, a au contraire réclamé une réglementation sur le prix du livre afin d’éviter les conséquences vécues par l’Angleterre et les États-Unis. Elle a rappelé la position largement majoritaire du milieu du livre en faveur d’une réglementation, une étape essentielle selon elle pour assurer la diversité au Québec, « afin que le livre de poésie se vende autant que vont se vendre les best-sellers ». « C’est une question de préservation et de développement de la culture du Québec », a ajouté la députée de Gouin.

Maka Kotto a répondu être préoccupé par « la menace du numérique et les ventes en ligne ». « Il y a effectivement lieu d’apporter une solution équilibrée, sans pencher ni du côté de la CAQ ni du côté de Québec solidaire », a précisé, sans rien éclaircir, le ministre.

En point de presse, Françoise David a poursuivi : « Il est évident que le gouvernement du Québec hésite profondément entre réglementer ou ne pas réglementer […], malgré [le fait] que le ministre ait déclaré, à la fin de la commission parlementaire, qu’il entendait la voix des acteurs du milieu lui disant qu’il faut sauver la librairie agréée, qu’il faut sauver la diversité du livre au Québec. Ça ne se fera pas si on ne réglemente pas. Les multinationales vont réglementer elles-mêmes, elles vont dicter elles-mêmes le prix des livres. »

Manifestation surprise

Le dossier du prix réglementé du livre s’est aussi invité au Salon du livre lui-même, mercredi soir. Une manifestation surprise a en effet perturbé la cérémonie d’ouverture de la 36e édition de l’événement. Élodie Comtois, porte-parole du mouvement « Sauvons les livres », à l’origine de la manifestation, a dit trouver « dommage » que l’enjeu ne soit pas abordé de front lors de l’événement. Elle a dit croire qu’il aurait s’agit du « lieu parfait » pour débattre du prix réglementé du livre et de la survie des libraires indépendants.

La directrice du Salon du livre, Francine Bois, dans une déclaration faite à La Presse canadienne, a fait valoir que le Salon est un lieu « neutre et apolitique », mais où il est sain que les débats qui animent la communauté des auteurs et éditeurs trouvent échos.

Si le Salon compte laisser les acteurs de l’industrie du livre s’exprimer sur cette question au cours des prochains jours, aucune table ronde ou atelier n’est cependant prévu sur le sujet pendant l’événement. Les organisateurs du Salon du livre affirment que la programmation a été développée il y a déjà plusieurs mois et que la question du prix des livres n’est pas dans la « vocation du Salon ».

Élodie Comtois se dit déçue par cette décision. « C’est assez dommage. […] Ce serait dans leur intérêt de prendre à bras-le-corps cet enjeu et de le débattre sur la place publique. C’est le lieu parfait pour le faire », a-t-elle indiqué, à la suite de la manifestation de la soirée.

Les membres de « Sauvons les livres » ne comptent cependant pas en rester là et vont multiplier les actions pendant cette édition 2013 du rendez-vous du livre montréalais. « Au cours des prochains jours, nous allons mener plusieurs actions dans un but pédagogique. Nous allons informer le public et interpeller les acteurs politiques, mais nous préférons garder le silence sur notre stratégie à venir. Le débat va se faire dans le salon », a indiqué Mme Comtois.

Pour ce qui est de l’action de mercredi soir, l’impact sur l’événement a été faible, selon la responsable. « Nous avons décidé de laisser aller les manifestants, surtout que nous avions eu vent de leurs intentions plus tôt en journée et que cela ne nuisait pas au bon déroulement de notre événement », a confirmé Mme Bois.


Avec La Presse canadienne

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