Prix des cinq continents: Amal Sewtohul

C’est l’écrivain d’origine mauricienne Amal Sewtohul qui a remporté cette année le Prix des cinq continents de la francophonie, remis le 24 octobre dernier à Port-au-Prince, pour son roman Made in Mauritius. Créé il y a 12 ans par l’Organisation internationale de la francophonie, ce prix récompense chaque année un auteur de langue française. Rappelons que Jocelyne Saucier, devenant en 2011 la première Québécoise à remporter la palme avec Il pleuvait des oiseaux (XYZ), avait fait un boom dans la petite histoire littéraire d’ici.

 

Conséquence ? Parmi les 10 titres retenus cette année figuraient trois ouvrages d’auteurs québécois : La fiancée américaine d’Éric Dupont (Marchand de feuilles), Anima de Wajdi Mouawad (Actes Sud) et Retour d’outremer de Julia Pawlowicz (Triptyque).

 

Le roman d’Amal Sewtohul raconte, lui, la vie aventureuse de Laval, fils d’immigrés chinois installés à Maurice, qui voit le jour dans un conteneur cargo. Ce sera sa demeure durant des années d’enfance, partagées avec un ami d’origine indienne au comportement singulier, Feisal, et avec la cousine de ce dernier, Ayesha, qu’il finira par épouser. Leurs escapades se déroulent dans les années 1960-1970, au moment de la conquête de l’indépendance de l’île Maurice et de la contestation étudiante. Plus tard, les voilà de nouveau réunis en Australie, où Laval a obtenu une bourse d’études en arts plastiques et a réussi à faire passer l’ami Feisal en passager clandestin.

 

Histoires d’immigrations qui s’enchaînent jusqu’à former un flux perpétuel, qui porte sans cesse la même interrogation : « Comment suis-je arrivé ici ? Pas seulement dans ce campement, mais dans ce pays, dans cette famille, dans ce monde. Qui suis-je, en fait ? » Question reprise par le fils de Laval, adulte, qui, pour des questions d’héritage, devra renoncer à donner son nom à son propre enfant. Les migrants sont ceux qui, selon le narrateur, ne se sentent « pas nécessaires à l’ordre des choses ».Cette énigme de l’arrivée, comme la nomme l’auteur en entrevue, le livre la déploie dans une prose sensible aussi habile à décrire les étonnements de l’enfance que les amertumes de l’âge adulte.

 

Le jury était présidé par Jean-Marie G. Le Clézio et comptait, entre autres, Lise Bissonnette, Pascale Kramer de la Suisse, Monique Ilboudo du Burkina Faso et Lyonel Trouillot d’Haïti.

 


Collaboratrice

Lise Gauvin était invitée par l’OIF à assister à la remise du Prix des cinq continents à Port-au-Prince.

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