Commission parlementaire - Québec a heurté le milieu du livre

Éditeurs, auteurs et libraires ont en effet été nombreux à s’étonner de la forte présence des géants de l’industrie comme Target, Walmart, Costco et consorts à la liste des invités publiée à la mi-juin par la Commission de la culture et de l’éducation.
Photo: Pedro Ruiz - Le Devoir Éditeurs, auteurs et libraires ont en effet été nombreux à s’étonner de la forte présence des géants de l’industrie comme Target, Walmart, Costco et consorts à la liste des invités publiée à la mi-juin par la Commission de la culture et de l’éducation.

La commission parlementaire devant étudier le prix du livre n’est pas commencée que, déjà, la grogne sourd dans le milieu du livre. Éditeurs, auteurs et libraires ont en effet été nombreux à s’étonner de la forte présence des géants de l’industrie comme Target, Walmart, Costco et consorts à la liste des invités publiée à la mi-juin par la Commission de la culture et de l’éducation. Idem pour les économistes, dont le nombre inquiète plusieurs acteurs du livre.


Trouvant disproportionnée la place accordée à ces joueurs, l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) a pris le clavier pour interpeller le ministère. Dans ce courriel dont Le Devoir a obtenu copie, son président, Jean-François Bouchard déplorait un « faux pas » appelant à un nécessaire rééquilibrage.


« Notre première réaction a été de mettre en doute l’intention des élus de se pencher sérieusement sur la situation du commerce du livre au Québec, et ce, dans l’esprit des principes qui animent la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre (loi 51). On pourrait croire que la Commission accorde plus de crédit à des entreprises de toutes sortes, dont des majors [tels Amazon, Costco, Indigo et Apple] qui ont leur siège social en dehors du Québec, qu’aux professionnels de la chaîne du livre. On peut se demander à bon droit si l’intérêt servi par les travaux de la Commission sera vraiment celui de la vitalité de la culture nationale », écrivait alors M. Bouchard.


Plus loin, l’auteur avouait ne pas comprendre pourquoi la Commission invitait certains éditeurs et pas d’autres, nommément des joueurs importants comme les Éditions du Boréal, Hurtubise HMH, Leméac, Fides et Septentrion. Le Groupe HMH a d’ailleurs lui aussi écrit au ministère afin de signaler que l’on retrouvait « beaucoup de sociétés étrangères parmi les invités à la Commission et pas assez de libraires, d’auteurs et d’éditeurs ».


Au Devoir mardi, le président du Groupe HMH, Arnaud Foulon, a dit estimer qu’un « plus grand nombre de sociétés d’ici, qui contribuent à la vitalité de la culture québécoise, serait sans doute important étant donné le rôle essentiel que joue le livre dans notre société comme vecteur culturel, linguistique et identitaire ».

 

Le ministère réagit


Interpellé par ces commentaires, le directeur de cabinet du ministre Maka Kotto, Marc Drouin, a pris rendez-vous avec l’ANEL le jour même de la réception du courriel de M. Bouchard, a confirmé au Devoir son directeur général, Richard Prieur.


Pascal Chamaillard et Benoit Prieur, respectivement président et directeur général de l’Association des distributeurs exclusifs de livres en langue française (ADELF), ont également été conviés au dit entretien. Le ministère leur a alors donné l’assurance que la liste des intervenants était sujette à changements et que quiconque souhaitait être entendu à la Commission, qui prendra son envol le 19 août, pourrait l’être pour peu qu’il manifeste son intérêt.


« L’horaire des auditions de la Commission sera mis à jour vers la fin de la semaine, a confirmé au Devoir Marc-André de Blois, l’attaché de presse du ministre de la Culture et des Communications. Tout groupe qui désire être entendu doit en faire la demande auprès du Secrétariat de la Commission de la culture et de l’éducation. Nous sommes présentement en attente d’une liste mise à jour. »


« Le ministère a agi avec diligence », a convenu mardi Richard Prieur, tout en déplorant le fait qu’il aura fallu ce courriel pour qu’il soit su qu’il incombait aux intervenants d’être proactifs s’ils désiraient être invités, et ce après seulement la publication de la liste initiale.

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