Roman québécois - L'homme qui se posait trop de questions

«T'as vu les tours tomber à New York comme moi.Tu sais qu'on est des graines de rien qui servent à pas grand-chose, alors pourquoi courir après un paragraphe dans les encyclopédies?» De son propre aveu, Vic, vingt-cinq ans, se pose beaucoup trop de questions.

Aux prises avec une confuse crise existentielle, amoureuse et professionnelle, il ne sait pas non plus à quoi peut bien servir sa vie de «coquerelle humaine». Suivant les conseils du fantôme de son grand-père, il vient de laisser Copine, avec laquelle il vivait en couple depuis sept ans — «sept ans et huit jours», pour être plus juste —, avant de partager un appartement du Mile-End avec un clown professionnel.

C'est l'essentiel du décor de L'Appartement du clown, de Vic Verdier (le pseudonyme que s'est choisi Simon-Pierre Pouliot, né en 1976), un premier roman hanté par les questionnements de la trentaine et la tragédie du 11-Septembre.

Le début est lent, les digressions sont nombreuses, pas toujours heureuses. L'évolution du protagoniste, elle, entre le rien du tout et le pas grand-chose, pendant ces quatre mois de l'automne 2001 où se déroule le roman, demeure subtilement perceptible. Le reste est constitué de son quotidien (d'un intérêt moyen), de ses amitiés (forcément formidables), de quelques rencontres érotiques, du piano qu'il joue, d'un soupçon de drogues diverses et de circonstances anecdotiques. Malgré ses nombreuses scories et sa direction incertaine, le roman profite d'un ton désinvolte qui lui permet de se démarquer. On imagine que Vic Verdier n'en restera pas là.

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Collaborateur du Devoir

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