Littérature jeunesse - Des kimonos, quelques vampires et des classiques

Que sont les pirates devenus? L'an dernier, on aurait pu construire une cabane avec les livres traitant des écumeurs des mers. Cette année, ils semblent avoir été emportés par la dernière vague, qu'on dirait dessinée par Hokusai. En effet, chez de nombreux éditeurs jeunesse, une étonnante conjonction des astres met en vedette l'Asie impériale.
Chez Gallimard, on lance Eon, le douzième dragon, de l'Australienne Alison Goodman. Cette nouvelle série, mi-aventure, mi-fantasy, plantée au coeur de la Chine impériale, sort avec tambours et trompettes, simultanément en jeunesse et sur le marché adulte.Chez Milan, on propose Le Secret de Kashimo, d'Agnès de Lestrade et Nicolas Duffaut, un album qui relate l'amitié entre deux enfants dans le Japon des samouraïs et des geishas. Albin Michel y va de Bashô, le fou de poésie, un album de Françoise Kérisel et Frédéric Clément racontant l'histoire du célèbre auteur de haïkus.
Chez Petit à petit, ce sont deux romans d'apprentissage illustrés pour les 10 ans et plus, signés Dorothée Piatek: Blanc, les quatre vies de Aya, mis en images par Magali Fournier, et Pourpre, les quatre vies de Kintaro, illustré par Yann Hamonic. Dans chacun d'eux, on suit les destins croisés de jeunes personnages dans le Japon d'Edo.
Si la piraterie s'essouffle, le vampirisme, lui, n'a pas dit son dernier mot. Dans le sillage de Fascination, on retrouve encore quelques titres à saveur d'hémoglobine.
Merveilleux monde des vampires
Chez Gallimard, dans la collection «Hors série», Fabrice Colin signe une nouvelle série, mettant en scène deux orphelines vampires: Les Étranges Soeurs Wilcox. Dans le premier tome, Perdues dans la nuit, elles sont recueillies par nul autre que Sherlock Holmes et son fidèle Watson et mettent leur pouvoir occulte au service de la lutte contre Jack l'éventreur... Chez Hachette jeunesse, on joue la carte de l'humour, avec Petit guide de la drague vampirique, de Vlad Mezrich (à paraître en novembre). Un manuel écrit à la manière d'un magazine, bourré de conseils, d'anecdotes, de quiz et de témoignages permettant de trouver le vampire de ses rêves ou de survivre à l'inéluctable rupture.
Évidemment, tout n'est pas asiatique ou sanguinolent dans le programme de l'automne. Des centaines d'albums et de romans plus traditionnels envahiront les tablettes des librairies. Parmi ceux-ci, Michael Morpurgo, mieux connu pour ses romans traitant de la guerre (Soldat Peaceful, entre autres) que par ses histoires pour les plus jeunes, lance deux albums chez Gallimard: Le Prince amoureux, un conte de Noël de facture classique illustré par Emma Chichester-Clark, et Kaspar, le chat du Grand Hôtel, une histoire située dans le décor somptueux d'un palace londonien, juste avant le naufrage du Titanic. Le récit est mis en images par son complice Michael Foreman.
Le duo de choc formé par Jeanne Willis et Tony Ross propose Le Vilain Gredin, l'histoire d'un lapin qui écrit à son père pour lui annoncer qu'il a grossi les rangs d'un groupe de dangereux criminels, dans l'espoir de relativiser à ses yeux un bulletin un peu faible. (Gallimard)
À l'école des loisirs, la plupart des réguliers de la maison proposent des nouveautés: Stephanie Blake (L'Anniversaire de Scarlett), Yvan Pommaux (Casse-Tout), Claude Ponti (Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron) et Valeri Gorbachev (Tortue Pingouin), mais aussi ceux qu'on pourrait pratiquement qualifier de pères fondateurs du catalogue, tels Tomi Ungerer, avec Zloty, et Maurice Sendak, avec Maman? Rappelons que l'adaptation cinématographique de Max et les Maximonstres, le grand classique de ce doyen de la célèbre écurie, paraîtra très bientôt.
Dans les écoles, il est de plus en plus tendance d'utiliser la littérature jeunesse comme outil d'apprentissage de la lecture. Les éditeurs, tout contents d'avoir un nouveau débouché dans le marché pas mal saturé du livre pour enfants, adaptent leur catalogue en conséquence. C'est le cas de Gallimard, qui lance une nouvelle collection destinée aux apprentis lecteurs: «Folio-cadet, premières lectures». On y trouvera une sélection de titres de Folio-Benjamin et des inédits travaillés pour répondre aux attentes du milieu enseignant. La célèbre maison assure que l'adaptation, réalisée par un comité pédagogique, n'altérera pas le «supplément d'âme» des textes, qui répondront, comme toujours, aux attentes des jeunes lecteurs sur les plans de l'humour, de l'imagination et de l'émotion.
Des romans
Du côté des romans, l'inépuisable Geronimo Stilton lance une nouvelle série chez Albin Michel: Chroniques des mondes magiques. Premier tome: La Quête du royaume perdu. Il proposera aussi un spécial des Fêtes avec Un Noël assourissant!. Sa soeur Téa, elle, emmène les Téa Sisters surveiller la fonte de la calotte glaciaire chez les Inuits d'Alaska, dans Le Trésor sous la glace.
Après la très réussie biographie de Charles Dickens, Marie-Aude Murail s'attaque au genre feuilleton XIXe siècle. Malo de Lange, fils de voleur met en scène un jeune orphelin qui court tavernes sordides et ruelles obscures à la recherche de son père. Bien entendu, c'est à l'école des loisirs.
À la même enseigne, on trouve deux titres de Xavier-Laurent Petit: Mon petit coeur imbécile, qui raconte l'histoire d'une mère africaine qui s'entraîne pour le marathon dans l'espoir de gagner l'argent nécessaire pour faire soigner sa fille malade, et L'attrape-rêves, un roman à la manière des grands auteurs américains.
Le monde du livre n'échappe plus au phénomène du blockbuster, le livre qui créera l'événement et dont on tirera un film. Cette année, chez Gallimard, on mise sur Genesis, un roman d'anticipation de l'auteur néo-zélandais Bernard Beckett où, paraît-il, science et philosophie nous feront frissonner. Presses Pocket, de son côté, nous fait le grand jeu pour Hunger Games, de Suzanne Collins, un thriller de science-fiction à base de téléréalité dont Stephen King dirait probablement qu'il est aussi addictif qu'un jeu vidéo. Bayard annonce le très attendu deuxième tome de la série Cathy, de Sean Stewart, Cathy's Key, et Hachette, Le Peintre des visages, de Monika Feth, qui fait suite au précédent thriller psychologique Le Cueilleur de fraises.
Lequel gagnera le grand écran en premier? Les paris sont ouverts...
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Collaboratrice du Devoir