Essais étrangers - Pour fêter la chute du Mur

Des milliers de Berlinois de l’Est sont attroupés sur le mur de Berlin.
Photo: Des milliers de Berlinois de l’Est sont attroupés sur le mur de Berlin.

Quoi de mieux que la chute du mur de Berlin, événement dont nous célébrerons cet automne le 20e anniversaire, pour donner un petit air de fête à la présentation des nouveautés de la saison dans le domaine des essais étrangers? L'effondrement de la frontière des idéologies symbolise une étape décisive dans l'interminable marche vers la liberté de l'esprit et le respect du pluralisme. Plusieurs livres vous l'expliqueront.

En particulier, signalons 1989-2009: les tribulations de la liberté, du journaliste Daniel Vernet (Buchet/Chastel), La Chute du mur de Berlin et du communisme expliquée à ma petite-fille Soazig, de l'historien Marc Ferro (Seuil), Le Retour de la nation, de Jean Daniel (CNRS), et Le Mur de Berlin, de Frederick Taylor, professeur à Oxford (Lattès). Même s'il ne datait que de 1961, le Mur exprimait les tensions idéologiques de tout le XXe siècle.

Comme nulle autre, la lecture des Écrits politiques (1928-1949), de George Orwell (Agone), recueil comprenant des textes inédits en français du penseur de gauche dressé contre le totalitarisme, vous le montrera. Consacré à la révolution culturelle chinoise, guerre civile qui dévoila le mécanisme d'une dictature, l'essai La Dernière Révolution de Mao, de Roderick MacFarquhar et Michael Schoenhals (Gallimard), pourra aussi éveiller votre curiosité.

Pour prolonger les débats efficaces, N'espérez pas vous débarrasser des livres, c'est un peu le conseil que nous donne Grasset en annonçant la publication de l'ouvrage de Jean-Claude Carrière et Umberto Eco (qui porte précisément ce titre), Pour le meilleur et pour le pire, réflexion de Pascal Bruckner sur le paradoxe amoureux, Un monde en péril, mise en garde du controversé Alexandre Adler au sujet du terrorisme nucléaire et bactériologique, enfin une biographie de Gabriel García Márquez écrite par Gerald Martin.

De son côté, Le Seuil nous invite à redécouvrir deux oeuvres très dérangeantes de la littérature autrichienne en inscrivant à son catalogue Elfriede Jelinek, portrait de la romancière brossé par Roland Koberg et Verena Mayer, de même que Cabinet des figures de cire, de Joseph Roth (1894-1939), chroniques inédites en français. Dans Aragon avant Elsa, de Pierre Daix (Tallandier), vous apprendrez sans doute pourquoi l'écrivain nia, jusqu'à son dernier souffle, qu'il était l'auteur du Con d'Irène, chef-d'oeuvre érotique des années 1920.

Si vous vous interrogez sur le goût d'un illustre cinéaste pour les tueurs de femmes, il vous faudra lire Fritz Lang, ladykiller, de Jean-Loup Bourget (PUF). Ceux que fascine un autre genre de perversité s'intéresseront à La Prospérité du vice (Albin Michel), une excursion historique au paradis de Wall Street avec, comme guide, le grand économiste français de l'heure: Daniel Cohen.

Dans la même veine, La Crise, d'Edgar Morin (CNRS), Survivre à la crise, de Jacques Attali (Fayard), et surtout la nouvelle édition mise à jour de Pourquoi les crises reviennent toujours, de Paul Krugman (Seuil), tenteront de répondre à de pressantes questions. Au lectorat qui réclamerait des réflexions, semble-t-il, de plus haut vol, des livres s'imposeront.

Pensons aux Héros de la sagesse, de Roger-Pol Droit (Plon), auteur hanté par la légende des sages de l'humanité, à Un coeur intelligent, d'Alain Finkielkraut (Stock), sur la littérature qui déchiffre les énigmes, et à La science est le défi du XXIe siècle, de Claude Allègre (Plon). Des ouvrages relèveront même de la critique la plus incisive.

Parmi ces derniers figureront Moments politiques, de Jacques Rancière (Lux), Utopies américaines: expériences libertaires du XIXe siècle à nos jours, de Ronald Creagh (Agone), Révolutionnaires du Nouveau Monde, une brève histoire du mouvement socialiste francophone aux États-Unis, de Michel Cordillot (Lux), sans oublier Le Procès des Lumières, de Daniel Lindenberg (Seuil), qui, après plusieurs mois de retard, paraîtra quand les feuilles tomberont, comme le Mur et nos dernières illusions.

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Collaborateur du Devoir

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