Écologie - Allègre et l'avenir de la planète

Le géologue Claude Allègre, parce qu'il refuse le catastrophisme climatique, a mauvaise réputation chez les écolos. Il suffit, pourtant, de lire Ma vérité sur la planète pour découvrir que ce scientifique français n'est pas cet inconscient que les plus militants des verts ont voulu en faire.
«La Terre est ma Patrie, lance-t-il. Je me suis battu pour la connaître; voilà pourquoi je me battrai contre ceux qui voudraient, sous prétexte de la défendre, détruire notre civilisation.» Ce cri du coeur donne le ton de ce solide essai qui entend déterminer les bons combats à mener pour préserver l'avenir de la planète.Ennemi de tout consensus en matière scientifique et de ceux qu'il appelle les «éco-fondamentalistes», Allègre dénonce «la secte verte» et ses gourous, c'est-à-dire Nicolas Hulot, José Bové et Al Gore, présentés comme «le bon, la brute et le truand». Selon lui, ces trois écologistes célèbres entretiennent la peur et parlent à travers leur chapeau pour se faire du capital politique (et amasser une fortune, dans le cas de Gore). Très critique, aussi, à l'égard du mode de fonctionnement du Groupement intergouvernemental d'étude du climat (GIEC) et, donc, de ses conclusions, Allègre n'hésite pas à en prendre le contre-pied. «Je pense donc qu'effectivement il y a un changement climatique, écrit-il, mais largement d'origine naturelle et dont on ne peut prévoir l'évolution de manière précise.»
Est-ce à dire qu'il ne faut rien faire? Bien sûr que non. Il importe toutefois, selon Allègre, de ne pas se raconter d'histoires et d'agir efficacement. Le protocole de Kyoto, pour lui, par exemple, est «l'un des traités internationaux les plus absurdes qui aient jamais été proposés [...] parce que le rapport coût/résultat est absurdement élevé.»
Radicalement opposé au courant de la décroissance qui, selon lui, détruirait notre civilisation, Allègre avance qu'il faut plutôt «faire de la résolution des problèmes écologiques le moteur de la croissance, du développement des pays du tiers-monde et de la réduction des inégalités».
Comme bons combats écologiques à mener, il nomme l'accès à l'eau potable et sa préservation partout sur la planète, le traitement efficace (recyclage) des déchets urbains, la protection (particulièrement à l'échelle locale) de la biodiversité et la recherche et développement en matière d'OGM (la section la moins convaincante de cet ouvrage). Il prône aussi une limitation raisonnable des émissions de CO2, grâce, surtout, à des méthodes de séquestration et au développement des voitures propres. Environnementaliste de tradition humaniste, ce scientifique de réputation internationale signe ici un vibrant plaidoyer contre la peur, l'ignorance et la régression. Sans prétendre à «la» vérité, il nous offre la sienne, plus stimulante et informée, même si elle est contestable à certains égards, que les slogans des gourous peints en vert.
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Collaborateur du Devoir
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Ma vérité sur la planète
Claude Allègre
Paris, 2008, 288 pages