Un rare manuscrit ayant appartenu au poète Émile Nelligan (1879-1941) est exposé au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ). Le carnet appartient au collectionneur Pierre Lassonde, président du conseil d'administration de l'institution, qui en a fait l'acquisition lors d'une vente aux enchères organisée à Montréal en décembre. Le nom de l'acquéreur avait été tenu secret jusqu'ici.

Le carnet porte le titre Les Tristesses. Il s'agit du premier d'une série de huit dans laquelle le poète vieillissant, souffrant de schizophrénie et interné, colligeait de mémoire les oeuvres de ses maîtres (Verlaine, Baudelaire, Mallarmé... ) et quelques-unes de ses propres créations (Soir d'hiver, Le Vaisseau d'or, etc.).

Le carnet est mis en valeur dans une vitrine de la salle Tradition et modernité du Québec, entouré d'oeuvres de James Wilson Morrice, John Lyman, Ozias Leduc ou Adrien Hébert. Les Tristesses y resteront jusqu'au 7 juin prochain.

M. Lassonde vient également de fournir les 3,9 millions nécessaires pour l'achat du monastère des dominicains jouxtant le musée, aux limites des plaines d'Abraham. Le MNBAQ souhaite y développer un projet d'agrandissement évalué à 90 millions. Idéalement, si les ordres de gouvernement emboîtent le pas, les plans de la nouvelle aile seront dévoilés l'an prochain, dans le cadre des fêtes du 400e anniversaire de la capitale.

L'aile sera consacrée aux collections d'art québécois, la spécialité de la noble maison. Une partie des acquisitions récentes exposées pourrait provenir des dons de Pierre Lassonde.

«Nous savions très bien ce que nous faisions en le nommant président du conseil d'administration du musée», déclarait la ministre de la Culture Line Beauchamp, il y a deux semaines, en entrevue au Devoir. Elle commentait alors les plans d'agrandissement du MNBAQ, un musée d'État.

Pierre Lassonde a fait fortune dans le secteur minier. Sa compagnie, Newmont Mining Corporation, est évaluée à plusieurs milliards.