À la Foire du livre de Guadalajara - Le Québec est prêt à prendre un second souffle

Guadalajara — Trois ans après en avoir été l'invité d'honneur, le Québec est prêt à prendre un second souffle à la Foire du livre de Guadalajara. Les ventes n'ont pas nécessairement suivi la notoriété qu'avait acquise le Québec en 2003 dans cet immense événement du livre et de l'édition; aussi faudra-t-il explorer de nouvelles avenues.
Une des plus grandes dans le monde hispanique, la Foire de Guadalajara, qui a pris fin hier, aura attiré 525 000 visiteurs cette année. Caractéristique importante, les jeunes étaient massivement présents dans les allées de l'événement, un espoir pour le livre au Mexique, dont les tirages demeurent toujours modestes... et pour le Québec.«Depuis 2003, le mot Québec est magique à Guadalajara», explique l'éditeur Gaston Bellemare, dans le stand bien organisé quoique modeste du Québec.
«Pour les Mexicains, poursuit-il, les Québécois ne sont ni des Français ni des Américains, mais des Latins du Nord.»
Président de l'Association nationale des éditeurs de livres du Québec (ANEL) et directeur des Écrits des Forges, M. Bellemare est un fidèle de la Foire de Guadalajara, une ville qui, avec ses 4 millions d'habitants, constitue le deuxième centre urbain du pays. Il y est présent depuis l'ouverture en 1986. Il sait qu'entre Québécois et Mexicains, le courant passe. «On se rejoint dans notre sens de la fête et de l'amitié. Il y a une parenté d'émotion entre nous.»
En 2003, le Québec avait fait tout un tabac. En plus d'être l'invité d'honneur à Guadalajara, il avait été l'objet d'une campagne de promotion nationale appelée ¡Voilà Québec! Près de 200 artistes, 40 éditeurs et 38 auteurs ainsi que plusieurs entreprises québécoises avaient été invités au Mexique.
En mai prochain, la Délégation du Québec à Mexico produira un rapport qui présentera des pistes d'actions pour améliorer le sort de nos éditeurs au Mexique. Mais on en connaît déjà les grandes lignes. L'avenir passera par la jeunesse et la «réciprocité». «On est maintenant en train de faire un premier bilan avec nos éditeurs après 2003», explique la déléguée du Québec à Mexico, Doris Girard.
De la participation importante de 2003, il est resté un noyau d'une dizaine d'éditeurs qui sont revenus au Mexique. Les ventes les plus intéressantes, 90 000 exemplaires dans un cas, se sont produites dans le livre scolaire. C'est dans ce secteur, ainsi que dans celui du livre jeunesse, que l'on veut déployer des efforts dans les prochaines années. «Il ne faut pas oublier, dit Mme Girard, que 60 % de la population mexicaine a moins de 30 ans.»
Elle estime qu'il faut faire des efforts particuliers envers les éditeurs mexicains. Les éditeurs québécois veulent vendre des droits, mais pas nécessairement en acheter de la part de leurs contreparties, constate la déléguée. Aussi, il faudra encourager une certaine forme de réciprocité au moyen d'une aide à la traduction de l'espagnol vers le français pour faciliter l'entrée dans le marché du Québec. L'investissement sera modeste, soit 20 000 $. «Pour nous, c'est la théorie des petits pas; et ça donne des résultats extraordinaires», dit Mme Girard.
Le Québec est présent au Mexique depuis 25 ans. Plusieurs entreprises y ont établi des liens solides, dont, dans l'imprimerie, Quebecor World et Transcontinental, et, dans les transports, Bombardier. Les programmes d'échanges pour les artistes ont connu également beaucoup de succès.
Chose certaine donc, le Québec a l'intention de «maintenir le cap au Mexique», souligne Mme Girard. Un événement important en 2007 permettra de poursuivre sur cette lancée. Succédant à Madrid, la ville de Monterrey, dans le nord du pays, sera l'hôte l'année prochaine du Forum universel des cultures.
Après le Canada, le Mexique a été le troisième pays dont le Parlement a appuyé officiellement l'entente de l'UNESCO sur la diversité culturelle. Le Québec compte donc profiter de l'occasion offerte par Monterrey pour s'associer à des activités sur la diversité culturelle. Des discussions ont été lancées en ce sens.
Ce reportage a été réalisé grâce à l'appui de la Délégation du Québec à Mexico.