Écrivain iconoclaste et satirique vivant à Québec, Nando Michaud est un auteur résolument «calembourgeois», c'est-à-dire adepte sans complexe, et depuis longtemps, du calembour sous toutes ses formes — du plus raffiné au moins subtil. Petit cousin de la fesse gauche du regretté San Antonio, l'homme de 63 ans est l'auteur, depuis 1988, de quelques livres pour la jeunesse, de recueils de nouvelles et de romans qui flirtent ouvertement avec le policier, le fantastique, la science-fiction. Une oeuvre qui comprend aujourd'hui une dizaine de titres, dont Virages dangereux et autres mauvais tournants (Triptyque, 2003).

Dans Un pied dans l'hécatombe (Triptyque, 2001), le héros récurrent de ses deux derniers romans, François Langlois, journaliste au quotidien montréalais La Leçon et obsédé sexuel impénitent, avait été envoyé à Québec pour couvrir le sabotage du carnaval d'hiver. Caricature, mots d'esprit et aventures libidineuses.

Avec La Guerre des sexes ou le problème est dans la solution, le héros de Nando Michaud est témoin, toujours de passage à Québec, d'un meurtre curieux et violent: une jeune femme est victime d'un attentat au tampon hygiénique piégé. Îuvre d'un misogyne dément et isolé? Machination du MEC (Mâles en colère), un groupuscule masculiniste clandestin qui veut redonner sa dignité aux hommes québécois?

L'événement sera l'occasion d'une autre enquête pour François Langlois, et le prétexte, pour Nando Michaud, d'exercer sa plume acide et de croquer sans scrupules les moeurs et les travers de ses contemporains. Sa réflexion à la vue de quelques représentants plutôt fades de l'espèce veston-cravate? «Je ne vois qu'une explication: un savant fou les aura engendrés en downloadant le programme Permapress d'une machine à laver dans le cerveau d'un gérant de caisse populaire.» Ailleurs, la gérante défraîchie d'un sex-shop où un autre meurtre a été commis lui inspire ce portrait: «Elle s'est fait si souvent étirer la face qu'elle en a les narines écartées et ouvertes comme celles d'une truie étonnée. On lui verrait le cerveau par les trous de nez, si ce n'était des stalactites qui font rideau.» Vous l'aurez compris, subtilité et demi-mesure ne sont pas forcément au rendez-vous.

De l'action

Actions, coups de feu, blagues corrosives, mise au jour d'un complot plus vaste encore que ce qu'on nous promettait: impossible de résumer autrement La Guerre des sexes ou le problème est dans la solution. Les personnages s'y nomment Sigmund Debovoar, Walter Hégault ou Mustapha Saklak (au besoin, relisez à voix haute). Et au passage, bien entendu, le héros ne se laisse jamais prier pour «sacrifier à Vénus»... Al-Qaïda, la CIA, la police de Québec, le monde de la publicité et de la psychothérapie, le féminisme, les hommes mous. Tout semble passer au collimateur de Nando Michaud dans ce roman aux innombrables saillies humoristiques, au rythme effréné et aux nombreux dialogues. Un roman un peu trop long, souvent unidimensionnel, mais qui apparaît, dans le genre, plutôt bien maîtrisé.

Collaborateur du Devoir

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LA GUERRE DES SEXES OU LE PROBLÈME EST DANS LA SOLUTION

Nando Michaud

Triptyque

Montréal, 2006, 290 pages