Une série historique en baladodiffusion
imaginée et réalisée par Fabien Deglise



À la charnière du temps. Pour souligner cent ans d’actualité et de regard sur le monde, Le Devoir sort de son cadre traditionnel et explore aujourd’hui la baladodiffusion.

Entre le passé et un futur possible de l’information, cette série historique replonge dans les pages du quotidien fondé en 1910 par Henri Bourassa pour mieux envisager la suite des choses.

Jusqu’au 19 juin prochain, chaque semaine, dix grands noms de la chanson, de la littérature, de la politique ou encore des relations internationales seront invités à lire dix articles publiés à la Une du Devoir depuis un siècle. De l’émeute au Forum à la mort de Maurice Duplessis, en passant par la libération de Nelson Mandela ou l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, les mots vont trouver leur voix. En format portable. 


Bande-annonce de la série



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Le référendum de 1980 lu par Martine Tremblay



Le mardi 20 mai 1980. Au terme de 35 jours d'une campagne référendaire houleuse et déchirante, les urnes rendent leur verdict. À la question de 114 mots posée par le gouvernement de René Lévesque, 59,56 % des électeurs inscrits ont décidé de répondre «non», envoyant du coup à «la prochaine fois» la perspective souverainiste alimentée par le Parti québécois.

Pour les tenants du «oui», qui dans les dernières semaines ont cru à l'avènement d'un pays, les résultats de cette consultation populaire se vivent dans les larmes, un nouveau né parfois dans les bras. Leurs opposants vont savourer pour leur part la victoire dans la modération, trop conscients sans doute que l'exercice démocratique qui vient de se jouer ne va pas laisser la province indemne.

L'ancienne directrice du cabinet de René Lévesque et proche collaboratrice de l'ex-premier ministre, Martine Tremblay revient sur ce jour où le Québec s'est trouvé à la croisée des chemins, en replongeant dans un texte signé Lise Bissonnette.




La chute du mur de Berlin lue par Jim Corcoran



Le jeudi 9 novembre 1989. Après avoir vacillé pendant plus d'un mois sous la pression populaire, le rideau de fer est sur le point de tomber. Une brèche importante se forme à Berlin-Est où à 18h57 ce jour-là, lors d'une conférence de presse, Günter Schabowski, membre du Politburo,  confirme que les Berlinois de l'Est peuvent désormais passer à l'Ouest. Sans entrave et immédiatement. 

Le mur de la honte, érigé 28 ans plus tôt par le régime est-allemand, vit ses dernières heures dans les cris de joie et les accolades qui accompagnent une incroyable réunification en marche. 

L'auteur-compositeur-interprète québécois Jim Corcoran qui depuis les années 70 aime faire le pont entre deux solitudes fait revivre ce grand mouvement vers la liberté.




Le rapatriement de la Constitution lu Ghislain Picard



Le samedi 17 avril 1982. Les petits plats ont été mis dans les grands sur la colline du Parlement à Ottawa. La Reine du Canada, Élisabeth II, y a fait le déplacement pour sanctionner la Loi de 1982 sur le Canada qui modifie la constitution en mettant un terme aux liens constitutionnels et législatifs entre le Royaume-uni et le Canada.
La journée est pluvieuse et le coeur pas vraiment à la fête pour le Québec qui voit surtout dans cette cérémonie le souvenir d'un rejet, d'une exclusion vécue quelques mois plus tôt lors des discussions entourant le rapatriement de la constitution canadienne.

Défenseur d'une minorité trop souvent mise en côté, Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, fait résonner une nouvelle fois ce chapitre marquant de notre histoire. 





Le Krach de 1929 lu par Yves Michaud



Le mardi 29 octobre 1929. Il y a eu des hauts, il y a maintenant un autre bas. À l’ouverture des marchés boursiers sur la planète argent, la bulle spéculative, alimentée depuis 1927 par le principe des achats d’actions à crédit, est sur le point d’exploser dramatiquement. À New York, tout comme à Montréal, la panique est à son comble. Le mardi est noir,  la Grande Dépression, avec ses entreprises en faillite et ses files devant les soupes populaires, prépare inlassablement son entrée en scène. L’économiste Canadien Kenneth Galbraith parle du «jour le plus dévastateur de la bourse de New York». L’histoire s’écrit, pour mieux être oubliée.

81 ans plus tard, Yves Michaud, «Robin des banques» et porte-étendard de la cause des petits actionnaires, veut toutefois qu’on s’en souvienne



L’URSS met le Spoutnik en orbite lu par Michel Rabagliati



Le vendredi 4 octobre 1957, l’humanité toute entière part à la conquête d’un nouveau continent: l’espace. À la surprise générale, l’URSS place avec succès en orbite le premier satellite artificiel de la Terre, dont l’unique fonction est de produire un «bip-bip» sur une fréquence de 20 MHz. Propulsée par la fusée R-7, la sphère de 58 cm de diamètre fait tourner ses 83,6 kg autour de la planète bleue pendant près de 98 minutes. L’objet volant est baptisé Spoutnik 1 («compagnon de route» en russe) et il vient de faire entrer les grandes puissances du globe dans la conquête spatiale.

Le bédéiste montréalais Michel Rabagliati, auteur de la série Paul (La Pastèque), saluée par le public et la critique ici comme ailleurs, propose de faire ce voyage initiatique, une nouvelle fois…



Le meurtre de l’archiduc François-Ferdinand lu par  Louise Frechette



Le jeudi 28 juin 1914. L’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’empire austro-hongrois et sa femme Sophie Chotek, périssent tous les deux sous les balles du nationaliste yougoslave Gravrilo Princip, membre de l’organisation Jeune Bosnie, un groupe d’anarchistes opposé à la présence de l’Autriche et de la Hongrie en Bosnie-Herzégovine. Un mois plus tard, le 28 juillet, l’empire austro-hongrois déclare une guerre préventive à la Serbie, accusée d’avoir téléguidé le criminel, donnant le coup d’envoi, par les jeux d’alliances diplomatiques, à la Première Guerre mondiale. La diplomate canadienne Louise Fréchette, ancienne vice-secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), aujourd’hui associée au Centre pour l’innovation en gouvernance internationale, retrace ces quelques minutes qui ont fait chavirer l’humanité…




Décès de Maurice Duplessis lu par Djemila Benhabib



Le lundi 7 septembre 1959. Après trois jours d’agonie, le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, symbole de la Grande Noirceur, rend son dernier souffle à Schefferville sur la Côte-Nord, le jour de la Fête du Travail. Il est minuit cinq minutes. Une hémorragie cérébrale vient d’emporter «Le Chef», 69 ans, en voyage officiel dans le royaume du minerai, et annonce un changement radical dans la vie politique et sociale du Québec. Un homme s’éteint.Une nation se réveille. Bête noire des réformateurs,le départ du Duplessis l’autoritaire, fervent défenseur de la religion catholique, du secteur privé, de l’autonomie provinciale et des valeurs rurales, ouvre grand la porte à une révolution… tranquille et à la construction d’un Québec moderne. Djemila Benhabib, auteure de Ma vie à contre-Coran (VLB Éditeur), en lutte depuis des années contre d’autres obscurantismes, revient sur ce point de bascule. 





Adolf Hitler prend les pleins pouvoirs lu par Julius Grey



Le jeudi 23 mars 1933. Le monde civilisé est sur le point de basculer. Devant les représentants du Reichstag, rassemblés à l’opéra Kroll de Berlin, Adolf Hitler dépose sa loi visant au soulagement de la détresse du peuple et de l’État. Aussi baptisé «loi des pleins pouvoirs», le document est appuyé par les 430 voix nécessaires afin de donner au chancelier les pouvoirs d’un dictateur pour une période de 4 ans, renouvelable. Dehors, c’est le printemps, mais à l’intérieur de la chambre, les parlementaires viennent de voter pour qu’un hiver sombre, sordide, inhumain et odieux s’abatte sur l’Europe pour les 12 prochaines années. 

L’avocat humaniste Julius Grey, pourfendeur d’injustices et d’intolérances, replonge dans cette genèse de l’infamie.





La libération de Nelson Mandela lue par Claude Robinson



Le dimanche 11 février 1990, après 27 ans d’incarcération, le plus célèbre des prisonniers politiques de la planète, Nelson Mandela, sort de la prison Victor Verster, à l’est de Cape Town, en Afrique du Sud, au bras de sa femme Winnie et sous le regard du monde entier.

L’homme, leader de l’ANC, qui avec calme et persévérance incarne la résistance contre l’injustice et l’odieux d’un régime ségrégationniste avait été mis derrière les barreaux pour avoir osé dénoncer l’apartheid.

Le dénouement de son combat est lu ici par l’illustrateur Claude Robinson.






L'émeute du Forum lue par Clémence Desrochers



Le jeudi 17 mars 1955, la confrontation sur glace entre le Canadien de Montréal et les Red Wings de Détroit tourne à l’émeute après l’explosion d’une bombe lacrymogène.

Les raisons de la colère? La suspension infligée quelques jours plus tôt à Maurice Richard, héros d’un peuple et symbole de l’affirmation des Canadiens-français. Dans la confusion, les premières notes d’une révolution tranquille sont alors en train de s’écrire.

L’artiste Clémence Desrochers, qui à l’époque était entre une Roulotte et un Cabaret, raconte.




Crédits: Fabien Deglise (prise de son, recherche sonore, montage et réalisation); Benoît Munger (mise en ligne); Gilles Paré (recherche documentaire), Remerciements chaleureux à Pierre Chagnon (voix principale), Clémence Desrochers, Claude Robinson, Julius Grey, Michel Rabagliati, Jim Corcoran, Ghislain Picard, Djemila Benhabib, Louise Fréchette, Yves Michaud,Martine Tremblay; Remerciements: SABC, ONF, Freesound.org, Rundfunk, Bundesarchiv, NASA, Centre d'archives publicitaires, Diane Précourt et le Centre d'archives du Parti Québécois .
 
*certaines ambiances sonores ont été reconstituées.