Le Devoir

Dans la peau d'une mère célibataire

Dans la peau d'une mère célibataire

Simulation


Pandémie, guerre en Ukraine, hausse du prix du pétrole, pénurie de main-d’œuvre... la situation est parfaite pour que l’inflation atteigne des sommets. Pour la grande majorité, c’est dans les parties du budget consacrées au logement, au transport et à l’alimentation que la hausse frappe le plus fort.


Concrètement, comment la hausse du coût de la vie se traduit-elle dans les décisions quotidiennes d’un ménage? Pour bien le comprendre, et même le vivre, Le Devoir vous met dans la peau d’une mère célibataire d’un enfant qui va en CPE. Dans les prochaines minutes, vous devrez faire différents choix, en fonction d’un budget mensuel disponible. Les dépenses que vous serez appelés à faire sont considérées comme essentielles. Vous devrez d’ailleurs confirmer chacun de vos choix, au fur et à mesure de la simulation. Vous ne pourrez pas revenir en arrière une fois le choix confirmé.

Mise en situation


Vous avez 29 ans et vous travaillez dans le secteur des services au salaire minimum, à raison d’une vingtaine d’heures par semaine. Pour l’année 2022, votre revenu de travail annuel brut est de 14 820$. Grâce aux crédits, aux allocations et aux prestations, votre revenu disponible s’élève en réalité à 31 798$. Depuis votre séparation survenue il y a quelques mois, vous élevez seule votre fils de trois ans. Vous cherchez maintenant à vous établir dans un nouveau milieu de vie où pourra grandir votre garçon. Vous hésitez entre Montréal, Saguenay et Sainte-Agathe-des-Monts.

Où habiter ?

En ville, en région ou près de la famille ?

Montréal

Sainte-Agathe-des-Monts

Saguenay

Choisissez une option, puis faites défiler pour poursuivre la simulation.

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Dépenses additionnelles

Les trois postes de dépenses principaux des ménages sont le logement, le transport et l’alimentation. En dehors de ceux-ci, on retrouve aussi, dans les frais essentiels, les frais de garde pour les enfants, les dépenses en hygiène, en produits nettoyants, en ameublement ou en équipement, ainsi qu’en vêtements.

Comment se déplacer ?

La voiture pour économiser du temps, ou les transport en commun pour économiser de l’argent?

Transport en commun

Voiture

Marche

Votre réfrigérateur a cessé de fonctionner. Vous devez le faire réparer.

Les modèles utilisés, ce sont toujours des modèles théoriques qui s’inspirent du terrain. Mais dans la vraie vie, ça ne se passe jamais comme prévu; il s’agit que la voiture brise, que le frigidaire lâche, et ça coûte une fortune.

Lorraine Desjardins, de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)

Quoi manger ?

Se contenter de mets économiques ou se faire plaisir ?

Tout pour être en santé

Tout pour être en santé et pour se faire plaisir

Pas satisfait·e ?

Retentez l'expérence en cliquant ci-dessous :

Photo: dans l'action du convoi. Photo: dans l'action du convoi. Photo: dans l'action du convoi. Photo: dans l'action du convoi.


Au terme de cette simulation, vous n’avez mis aucune somme d’argent de côté. Vous n’avez rien dépensé non plus pour des loisirs, des jouets pour votre enfant ou des sorties au restaurant.
Il vous reste probablement quelques dizaines de dollars. Peut-être encore moins, selon vos choix. Ou bien arrivez-vous dans le négatif? Vous vivez alors une situation d’insécurité alimentaire: vous devez faire des économies dans l’épicerie.

Insécurité alimentaire

groupe nominal

Consiste en un accès inadéquat ou incertain aux aliments, en raison d’un manque de ressources financières.

1 million

C’est l’estimation du nombre de Québécois se trouvant en situation d’insécurité alimentaire, que celle-ci soit marginale, modérée ou grave.

Des champs à l'assiette

La chaîne de valeur alimentaire comprend plusieurs intermédiaires, dont l’agriculteur, le transformateur, le centre de distribution, le détaillant et, enfin, le consommateur. Toutes ces étapes sont touchées par le contexte inflationniste actuel. Il n’y a qu’à penser à la hausse du prix du pétrole. Tous les transports entre les intermédiaires en sont touchés, explique Maurice Doyon, professeur titulaire au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval.

Plusieurs engrais répandus par les agriculteurs nécessitent aussi l’utilisation de produits pétroliers, ce qui augmente les coûts de production. À cela s’ajoute la crise en Ukraine, qui bouscule le secteur des grains et son approvisionnement. Le coût de la vie, jumelé à une pénurie de main-d’œuvre, entraîne pour sa part une hausse des salaires qui augmente le coût des biens produits.

Des champs à l’assiette, l’aliment prend de la valeur. Son coût augmente parce que l’approvisionnement est plus difficile, parce que son transport est plus dispendieux, parce que les employés qui le transforment ou qui le distribuent sont payés plus cher. Au bout du compte, tout cela a des répercussions sur le prix du panier d’épicerie.

La pauvreté, c’est devenu une entité abstraite pour plusieurs. Mais quand tu parles d’insécurité alimentaire, avoir de la difficulté à mettre de la nourriture sur la table, ça devient diablement concret, il y a plus d'écoute.

François Fournier, chercheur à l’Observatoire québécois des inégalités

Parmi les ménages avec enfants, les familles monoparentales sont beaucoup plus susceptibles de vivre de l’insécurité alimentaire, particulièrement celles où c’est une femme qui est le parent. En 2017-2018, 33,1% des familles monoparentales ayant une femme à leur tête souffraient d’insécurité alimentaire au Canada.


En parallèle, le nombre de familles monoparentales est en hausse au Québec. On est passé d’une famille monoparentale sur dix en 1971 à une sur quatre en 2016.

Mes deux plus vieux comprennent que c’est difficile financièrement, qu’il faut faire attention. Mais le plus jeune ne comprend pas. Il veut jouer, il veut tout manger. Quand il voit des trucs dans les magasins, il veut les avoir. Au parc, il pleure parce que lui aussi, il veut un ballon. C’est difficile.

Mère monoparentale de trois enfants âgés de 5, 18 et 20 ans.

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Maintenant que nous savons ce que les chiffres disent, qu’en-est-il de la réalité? Quels sont les effets de l’insécurité alimentaire et quelles solutions pourraient permettre d’atténuer le phénomène? Sur le terrain