Nord du Québec - Mobilisation monstre pour éteindre les feux de forêt

Les ressources humaines et mécaniques engagées dans la lutte contre les feux dans le nord du Québec atteignent des proportions inégalées. La fin de semaine a été particulièrement éprouvante pour les forêts québécoises, la chaleur et les vents fouettant l'ardeur des flammes.

Quelque 950 sapeurs-pompiers, dont 450 venant de l'extérieur du Québec, sont déjà sur le terrain, où quelque 130 feux brûlaient encore hier soir. Ces chiffres n'incluent pas le personnel des avions-citernes et de bureau. De plus, 80 hélicoptères et 18 avions-citernes patrouillent et arrosent du haut des airs. Une centaine d'autres sapeurs-pompiers doivent également arriver d'Alberta sous peu. «Je ne me souviens pas d'avoir vu autant de personnes de l'extérieur de la province», indique le porte-parole de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), Gérard Lacasse. «C'est très rare qu'on a pu s'approcher d'un effectif aussi important.»

Une centaine de soldats du feu en provenance des États du Maine, du New Hampshire et de New York sont à pied d'oeuvre sur le territoire québécois. À elle seule, la Colombie-Britannique a dépêché 364 sapeurs, une contribution exceptionnelle. «C'est presque autant qu'on a d'employés à la SOPFEU, s'étonne M. Lacasse. Autant [la province de l'Ouest] a demandé de l'aide en 2003, autant cette année, elle collabore de façon impressionnante.»

Jusqu'à ce jour, 750 feux ont ravagé près de 400 000 hectares, alors que, dans les cinq dernières années, on enregistrait, en moyenne, à cette date, 380 incendies ayant rasé quelque 50 000 hectares. Les feux encore actifs sont particulièrement concentrés dans le secteur délimité par les ville de Val d'Or, Matagami et Chibougamau. Aucun avis d'évacuation n'a été émis, puisque un seul incendie s'est déployé près d'un village, soit à 20 km de Lebel-sur-Quevillon. «On regarde ça de près, parce que c'est une municipalité où, dans un horizon de 20 km, le feu faisait des pointes à 2 km/h hier [samedi], rapporte le porte-parole de SOPFEU. Mais aujourd'hui, on est en mesure de le contenir dans plusieurs portions de son périmètre.»

La menace de la foudre

Si la grande majorité des feux était contenue ou maîtrisée hier, une trentaine de foyers récents mobilisaient de nouvelles troupes cette fin de semaine, notamment à l'ouest-nord-ouest du Lac-Saint-Jean, et 16 étaient toujours considérés «hors contrôle» hier. Dans ces dernier cas, la superficie des feux dépasse souvent les 2000 hectares.

La SOPFEU est surtout aux prises avec des feux déclenchés par la foudre. «Ce qui est différent cette année, c'est le nombre de feux de foudre survenus simultanément dans des régions assez concentrées.» Seuls neuf des incendies actifs sont d'origine humaine, ce qui rassure l'organisme du point de vue de la prévention.

Mais les feux provoqués par la foudre sont d'autant plus éprouvants que celle-ci frappe de manière erratique. «Les feux allumés par l'homme sont généralement répartis de façon plus égale sur le territoire et assez facile d'accès, tandis que la foudre peut allumer deux, trois, 15, 25 foyers» en même temps dans des endroits plus isolés, explique M. Lacasse. Et déplacer les effectifs d'un endroit à l'autre fait perdre du temps précieux.

Les autorités se faisaient toutefois plus rassurantes hier. «Avec l'arrivée du front de pluie, on sent qu'il y a une baisse de l'activité des feux», affirme le porte-parole. Mais les orages annoncés ne laissaient pas présager de meilleurs lendemains. «On espère qu'il y aura assez d'eau pour calmer certains feux parce que la foudre va nous en allumer d'autres, c'est trop sec présentement.»

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