S’adapter aux inondations grâce à la multidisciplinarité
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche: enjeux climatiques
Favoriser l’adaptation des Québécois aux inondations, c’est le projet de recherche mené conjointement par l’Université Laval et l’Université de Montréal. Plusieurs experts de disciplines différentes allient leurs forces afin de mieux comprendre les réalités sur le terrain et de trouver de meilleures pratiques.
L’initiative lancée l’année dernière vise à apprendre des conséquences d’un tel sinistre afin d’en limiter les coûts humains, économiques et de prévenir les dégâts futurs. À plus long terme, le projet servira à améliorer les politiques publiques, explique Marc-André Bourgault, professeur adjoint au Département de géographie de l’Université Laval.« On part de l’idée que chaque phénomène extrême met en lumière des vulnérabilités des sociétés et des infrastructures. Mais ça fait aussi ressortir la fragilité des liens sociaux dans différents endroits », souligne celui qui est également directeur de la maîtrise sur mesure en action climatique et codirecteur d’un axe de recherche au Réseau inondations intersectoriel du Québec (RIISQ).
Ainsi, chaque sinistre fournit des données qui peuvent être utilisées en vue d’améliorer la capacité des Québécois à s’adapter en prévision de prochains événements similaires, dit-il. « Il est important de documenter chacun de ces événements, en ce qui a trait à la cause, aux impacts, à la succession des étapes qui ont été mises en place, aux alertes, à la réaction des gens. Toutes les informations, tant physiques que sociales », ajoute-t-il.
Il estime qu’au Québec, on n’a pas « une idée claire » des endroits où sont survenues toutes les inondations depuis les années 1990. « Rien que le fait d’avoir cette information permet de localiser les zones qui sont potentiellement plus vulnérables aux sinistres futurs », avance-t-il comme hypothèse.
Unir les forces
Établi en partenariat avec le ministère québécois de la Sécurité publique, le projet réunit des chercheurs de deux universités et de différentes disciplines. « Il y a un volet hydrologique et un autre social. Dans ce deuxième volet, ce sont les gens de l’Université de Montréal qui travaillent avec nous. Ils vont faire des entrevues sur le terrain et nous, on mène des enquêtes et des sondages dans l’ensemble de la population affectée par les inondations », explique Pierre Valois, professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval et directeur de l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques.
Son équipe est chargée de développer des questionnaires en vue de mettre sur pied des indices d’adaptation. « Est-ce que, dans la population générale, les gens sont préparés aux inondations ? Est-ce qu’ils adoptent les bons comportements ? » demande-t-il.
Comme ce sont les hydrologues qui connaissent les réalités sur le terrain, ils lui fournissent de telles informations. « J’ai besoin d’eux pour comprendre à quel danger les gens font face et aussi ce qu’ils doivent faire pour se protéger. Et eux, ils ont beau suggérer des moyens, si la population dit : “Écoutez, c’est impossible de faire ça”, il faut tenir compte de tout ça avant de proposer des solutions, illustre M. Valois. Antérieurement, ça se faisait de façon séparée, mais maintenant, on travaille ensemble. Tout le monde est gagnant dans un projet multidisciplinaire comme celui-là. »
Les données recueillies à ce jour par les chercheurs révèlent parfois certains manques d’informations pour assurer de bonnes prévisions. Et comme le climat risque de changer, cela pose un défi supplémentaire pour les chercheurs. Il faut donc tenir compte non seulement des réalités imposées par mère Nature, mais également des contextes dans lesquels évolue la population. « Il y a des gens qui sont inondés, en détresse et qu’on doit aider. Et ça, c’est l’aspect qu’on apporte pour essayer de mieux résoudre ce problème d’inondation, autant sur le plan physique que sur le plan social », conclut M. Valois.
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