Avis favorable à l’agrandissement du parc national du Mont-Orford

Le projet de révision de la superficie du parc national du Mont-Orford ne date pas d’hier, mais le gouvernement du Québec a attendu le début de l’année 2023 pour émettre un avis d’intention officiel.
Jacques Nadeau Le Devoir Le projet de révision de la superficie du parc national du Mont-Orford ne date pas d’hier, mais le gouvernement du Québec a attendu le début de l’année 2023 pour émettre un avis d’intention officiel.

Le Québec souffre d’une carence d’aires protégées, surtout au Sud. Pour corriger le tir, il gagnerait à autoriser l’agrandissement du parc national du Mont-Orford, constate le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) dans un rapport publié vendredi.

En faisant passer comme prévu la superficie du parc de 60 km2 à plus de 105 km2, le gouvernement de François Legault contribuerait grandement à l’atteinte de ses engagements internationaux en matière de protection du territoire, conclut le document de plus d’une centaine de pages. À la fin de l’année dernière, Québec avait promis dans le cadre de la 15e Conférence des parties (COP15) sur la biodiversité qu’il protégerait 30 % de ses terres d’ici 2030.

« L’agrandissement proposé permettrait […] une progression vers l’atteinte de la cible gouvernementale […] tout en augmentant de façon notable la superficie d’aires protégées de plusieurs municipalités et municipalités régionales de comté accueillant ce projet », écrit dans son rapport la commission mandatée en début d’année par le BAPE.

30 %
C’est la part de ses terres que le Québec avait promis de protéger d’ici 2030, dans le cadre de la 15e Conférence des parties (COP15) sur la biodiversité.

L’ajout d’une quarantaine de kilomètres carrés de terrain au populaire parc national en Estrie assurerait par ailleurs un léger rééquilibrage dans les efforts de protection de la biodiversité au Québec. Actuellement, la plus grande partie du territoire protégé par l’État se situe au Nunavik et dans la région d’Eeyou Istchee Baie-James. Dans le Sud — et plus particulièrement au sud du fleuve Saint-Laurent —, la superficie des zones protégées est bien moindre.

« La commission d’enquête estime que ce gain serait d’autant plus important qu’il contribuerait à la protection du territoire dans une partie du Québec où les aires protégées occupent un faible pourcentage de la superficie, et qui est caractérisée par des terres majoritairement privées, par de fortes pressions anthropiques et par la richesse de sa biodiversité », peut-on lire dans le rapport du BAPE.

Accès au lac La Rouche

 

Point de discorde lors des audiences publiques du BAPE, le lac La Rouche se retrouve aussi au coeur des recommandations de la commission. Cette étendue d’eau, propriété de la riche famille Bombardier, n’avait pas été incluse dans le projet d’agrandissement du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Un choix qualifié d’« anomalie » par certains intervenants lors des audiences publiques cette année.

Si bien que, dans son rapport, la commission incite le gouvernement à négocier avec la famille pour permettre au public de s’aventurer dans le secteur. « Le ministre et le ministère responsable des Parcs devraient poursuivre leurs communications et leurs démarches avec Les Placements Bombardier afin d’arriver à un compromis », écrit-elle. « Ce compromis s’inscrirait dans une logique d’accessibilité à la nature, aux plans d’eau et aux activités de plein air. »

Le projet de révision de la superficie du parc national estrien ne date pas d’hier. Or, le gouvernement du Québec a attendu le début de l’année 2023 pour émettre un avis d’intention officiel. L’agrandissement du parc avait, depuis, fait l’objet de consultations en février puis en avril.

Dans une déclaration, vendredi, le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, s’est dit « convaincu que [son] gouvernement sera celui qui concrétisera finalement le projet d’agrandissement ». « Les équipes du MELCCFP analysent le tout afin que le projet tienne compte, lorsque possible, des recommandations de la commission », a-t-il affirmé

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