Lebel-sur-Quévillon à nouveau évacuée à cause des feux de forêt

Une centaine de feux sont actifs dans l’ensemble du Québec en date de jeudi, dont 80 se trouvent en zone d’intervention intensive. Sur la photo, un pompier près d’un incendie de forêt à Rivière-Ouelle, en juin 2020. 
Photo: Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Une centaine de feux sont actifs dans l’ensemble du Québec en date de jeudi, dont 80 se trouvent en zone d’intervention intensive. Sur la photo, un pompier près d’un incendie de forêt à Rivière-Ouelle, en juin 2020. 

La situation météorologique complique la bataille contre les feux de forêt. L’absence de pluie, conjuguée à des températures élevées — et même très élevées, selon les prévisions pour les prochains jours —, insufflait, jeudi, une nouvelle vigueur aux incendies qui font rage au Québec, au point de forcer Lebel-sur-Quévillon à l’évacuation pour une deuxième fois en moins d’un mois.

En milieu d’après-midi, le maire de la localité de Jamésie, Guy Lafrenière, ordonnait à nouveau aux résidents de quitter leur domicile. « Malheureusement, la route 113 est maintenant bloquée par le feu, a indiqué l’élu sur Facebook. Pour cette raison, la Sécurité civile recommande très fortement l’évacuation totale et complète de la ville. » Les 2180 Quévillonnais avaient jusqu’à 18 h 30, jeudi soir, pour partir.

La veille, le feu avait réussi à enjamber une première fois la route 113, mais les pompiers avaient rapidement réussi à éteindre l’échappée. En matinée jeudi, le vent semblait jouer en faveur de la localité, éloignant les flammes de la 113. L’absence de pluie et la chaleur ont toutefois alimenté le brasier, déjouant un optimisme hâtif.

« Nous sommes obligés de quitter [les lieux], et ce, pour quelques jours, a averti Guy Lafrenière. Ça prend absolument, absolument de la pluie pour qu’on revienne chez nous. »

La pluie s’annonce toutefois absente jusqu’à lundi ou mardi dans le secteur. Environnement Canada prévoit, pendant ce temps, que le mercure grimpera au cours des prochains jours. Devant ces largesses de la nature, plusieurs brasiers en profitent pour trouver un second souffle et déjouer les pompiers.

Deux nouveaux feux ont ainsi pris naissance entre mercredi et jeudi, ce qui porte leur nombre à 104, a indiqué la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Parmi eux, 80 se trouvent en zone de protection intensive, soit la partie australe du territoire québécois, où se concentre la majeure partie de la population.

« Plusieurs feux hors contrôle verront leur taux de propagation augmenter, prévient la SOPFEU. D’ailleurs, quatre feux contenus sont redevenus hors de contrôle depuis le début de la semaine. »

Nous sommes obligés de quitter [les lieux], et ce, pour quelques jours. Ça prend absolument, absolument de la pluie pour qu’on revienne chez nous.

 

Certains brasiers « progressent de façon significative », ajoute la société, et le risque d’en voir d’autres éclore est « également important », selon elle.

En tout, 1476 personnes participent à l’effort de guerre contre les feux de forêt, parmi lesquelles 1316 s’activent directement sur le terrain. La situation réquisitionne 21 avions-citernes et 78 hélicoptères et mobilise des renforts venus non seulement venus d’Europe et des États-Unis, mais aussi des autres provinces canadiennes et des rangs de l’armée.

Chibougamau dans la fumée

Autour de Chibougamau, deux feux non maîtrisés mobilisent toujours plus de 160 pompiers. La SOPFEU poursuit l’aménagement d’un héliport qui facilitera la lutte contre l’incendie 379, qui avait requis mercredi des opérations d’arrosage terrestres et aériennes, et la construction d’une ligne d’arrêt pour protéger un poste d’Hydro-Québec. Les efforts déployés mercredi avaient réussi à freiner l’avancée du brasier : la Ville de Chibougamau indiquait, jeudi, que le feu n’avait pas « progressé de manière significative » depuis la veille.

Si les Chibougamois ne pouvaient pas voir ces feux encore situés à plusieurs dizaines de kilomètres de leur ville, ils pouvaient certainement les sentir. Un épais nuage enveloppait la municipalité de Jamésie, jeudi, en raison d’un phénomène baptisé « inversion de température ». Ce dernier fait en sorte que l’air froid se retrouve prisonnier sous un plafond d’air chaud, ce qui empêche la dispersion de la fumée dans l’atmosphère. 

La qualité de l’air s’en est ressentie : à midi, la concentration de particules fines s’élevait à 43 microgrammes par mètre cube, soit une concentration 8 fois et demie supérieure à la valeur guide annuelle de l’Organisation mondiale de la santé.

À Normétal, le feu 281 échappait à nouveau à la maîtrise des sapeurs, après 11 jours de relative accalmie. La SOPFEU a assuré que les flammes ne menaçaient aucune communauté pour le moment ; elle s’inquiète néanmoins de voir le vent favoriser la propagation du brasier vers le nord-est et le secteur de Val-Paradis. La machinerie s’activait à créer des coupe-feu aux abords de la localité « pour mieux protéger cette dernière à l’approche de l’incendie ».



À voir en vidéo