Le réchauffement climatique exige de nouveaux thermomètres

Mathieu De Haître, technologue en météorologie chez Environnement Canada, montre au Devoir une station météo à Montréal, sur le réservoir McTavish près de l’Université McGill. Le thermomètre est l’un des petits éléments longilignes, à droite.
Jacques Nadeau Le Devoir Mathieu De Haître, technologue en météorologie chez Environnement Canada, montre au Devoir une station météo à Montréal, sur le réservoir McTavish près de l’Université McGill. Le thermomètre est l’un des petits éléments longilignes, à droite.

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Le Canada doit remplacer les thermomètres de ses stations météo à cause des vagues de chaleur sans précédent qui frappent le pays. Les capteurs actuels ne sont plus capables de mesurer avec précision les températures au-delà de 50 °C.

Le record de chaleur absolu de 49,6 °C, enregistré en 2021 à Lytton, en Colombie-Britannique, a été dur pour les résidents, mais aussi pour les systèmes de mesure des météorologues. À l’approche du seuil de 50 °C, les thermomètres ont cessé de fonctionner adéquatement.

« Les capteurs de température peuvent mesurer au-delà de 50 °C, mais l’incertitude augmente après ce seuil. L’incertitude devient vraiment plus grande et on a besoin de précision », explique au Devoir le directeur général d’Environnement Canada, David Harper. La marge d’erreur peut ainsi frôler 0,5 °C en cas de chaleur extrême.

« On veut être sûrs que cette fourchette rapetisse, et c’est pour ça qu’on est en train d’évaluer [ce remplacement]. »

Les nouveaux thermomètres convoités devraient pouvoir maintenir leur précision à des températures extrêmes dépassant 60 °C.

Ce changement d’instruments se fera au « cas par cas », station par station, nuance M. Harper, mais tous les thermomètres pourraient être changés.

« Il y a des endroits au Canada où, de toute évidence, nous n’atteindrons jamais 50 °C, mais pour une question de constance dans notre réseau, nous allons examiner [cette option] », indique M. Harper.

Le remplacement de ces instruments de pointe sera « très dispendieux », note-t-il. Le Service météorologique du Canada compte sur son territoire un peu moins de 600 stations météorologiques comptant chacune d’un à trois capteurs de chaleur. Chacun de ces thermomètres (appelés « thermistance » dans le jargon scientifique) coûte entre 100 $ et 200 $, selon les informations du Devoir.

L’adaptation des instruments de mesure aux changements climatiques constitue un défi pour les météorologues. Environnement Canada a ouvert récemment une nouvelle « division » au sein de son ministère afin de réévaluer l’ensemble des capteurs des stations météorologiques du pays.

Le besoin se fera sentir, car la période 2023-2027 sera quasi certainement la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, s’est alertée il y a quelques semaines l’Organisation météorologique mondiale. Elle estime à 66 % la probabilité que la température moyenne annuelle à la surface du globe dépasse de 1,5 °C les niveaux préindustriels pendant au moins l’une des cinq prochaines années.

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