Les feux de forêt au Québec, en cartes et en chiffres

La saison des feux de forêt débute à toute allure au Québec. Jamais, depuis au moins 1972, autant de territoire n’avait été brûlé en une seule année. La fumée continue de se propager sur l’est de l’Amérique du Nord. Survol de la situation en cartes et en graphique.
Au Québec, le début de la saison des feux de forêt est véritablement exceptionnel. En date de vendredi, près de 700 000 hectares avaient été « affectés » par les feux de forêt au sud du 51e parallèle, selon la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). À pareille date, dans la dernière décennie, on rapportait en moyenne environ 2000 hectares atteints.
En fait, la saison part sur de tels chapeaux de roue que, déjà, le bilan de la jeune année est 12 fois plus élevé que la moyenne des 51 dernières années (57 504 hectares), et 40 fois plus élevé que celle des 10 dernières années (15 815 hectares). C’est le record depuis 1972, au moins.
Nombre de feux

Quelque 125 feux de forêt faisaient rage au sud du 51e parallèle du Québec, vendredi après-midi. Depuis le début de la saison 2023, ce sont 444 incendies qui ont été répertoriés dans la province : deux fois plus que le bilan moyen des dix dernières années à pareille date. Avec les changements climatiques, le nombre de grands feux de forêt va considérablement augmenter au pays. Les conditions plus chaudes et plus sèches vont notamment allonger la saison propice aux feux.
« Points chauds »

Crédit: Système canadien d’information sur les feux de végétation, Ressources naturelles Canada
Sur la carte animée, on voit les « points chauds » recensés par Ressources naturelles Canada du 1er au 9 juin. Il s’agit de pixels d’images satellites où on enregistre une intensité élevée de la radiation infrarouge. Il y a donc à ces endroits une source de chaleur, comme un feu de forêt. Le ministère retire les points chauds de sources industrielles connues.
Risques de feu

Après plusieurs journées mouvementées, les risques de feux de forêt sont maintenant « faibles » dans l’est du Québec, mais toujours considérés « extrêmes » dans le nord-ouest de la province, vendredi. Les feux supplémentaires qui pourraient se déclencher près de la baie James seraient donc de forte intensité et à propagation rapide. Très difficiles à arrêter, ces brasiers ne pourraient être contrôlés que sur leurs flancs, et non de manière frontale.
Vu de l’espace

Les brasiers du Québec ont généré un nuage de fumée visible depuis l’espace. Sur cette image, prise mercredi matin par le satellite GOES-16 de la NASA, on voit clairement le nuage brunâtre de fumée survoler les États de New York et de la Pennsylvanie. Une dépression météorologique persistante près de l’île du Prince-Édouard a eu tendance à pousser la fumée vers le sud, plutôt que celle-ci soit évacuée vers l’océan Atlantique par les vents dominants provenant de l’ouest.
Mauvaise qualité de l’air

La fumée des feux de forêt du Québec réduit la qualité de l’air dans une bonne partie de l’est de l’Amérique du Nord. Cette carte, produite par une équipe de l’Université de la Colombie-Britannique, illustre la concentration de particules fines de moins de 2,5 micromètres (PM2,5) qu’on retrouvait au niveau du sol, vendredi avant-midi. N’est représentée que la pollution produite par les feux de forêt.
La concentration dans les régions les plus atteintes (en brun) s’élève à plus de quinze fois la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé pour une exposition quotidienne, qui est de 15 microgrammes par mètre cube.
Ce texte a été mis à jour après sa publication initiale, le 5 juin 2023. Une version précédente de ce texte, qui plaçait la concentration maximale de PM2,5 recommandée par l’OMS à 15 nanogrammes par mètre cube, a été corrigée.