Les Québécois jugent que le gouvernement n’en fait pas assez pour l’environnement

Les études disponibles démontrent que les Québécois sont favorables aux investissements publics dans le verdissement des villes.
Valérian Mazataud Le Devoir Les études disponibles démontrent que les Québécois sont favorables aux investissements publics dans le verdissement des villes.

Plus préoccupés que jamais par les dérèglements climatiques, les Québécois estiment que leur gouvernement n’en fait pas assez pour protéger l’environnement. Ils jugent aussi que les entreprises doivent impérativement se responsabiliser davantage, d’après ce qui se dégage d’un nouveau sondage CROP.

Pas moins de 77 % des répondants sont « d’accord » pour dire que « le gouvernement n’en fait vraiment pas assez pour l’environnement », selon les résultats obtenus dans le cadre de ce coup de sonde mené en prévision du Sommet international de l’écocitoyenneté, qui se tiendra à Montréal la semaine prochaine. Les organisateurs de l’événement ont transmis le sondage au Devoir.

En ce qui a trait à la responsabilité, 84 % des répondants accordent un haut « niveau de responsabilité » aux gouvernements du Québec et du Canada en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Ce taux atteint 80 % pour les municipalités et 78 % pour les citoyens.

Les citoyens comprennent qu’il y a une partie de la solution qui est entre leurs mains, mais ils savent aussi qu’il y a une limite à ce qu’ils peuvent faire. C’est pour ça qu’ils en exigent davantage de la part des gouvernements.

Pas moins de 74 % des 1000 répondants jugent par ailleurs qu’« il est impératif que les entreprises se responsabilisent plus quant à leur rôle de bon citoyen corporatif », notamment en ce qui a trait à la « pollution » qu’elles génèrent. Et à peine 25 % des sondés estiment qu’« il est acceptable que certaines personnes ou compagnies puissent polluer plus s’ils paient pour compenser », par exemple à travers la Bourse du carbone.

Mesures concrètes

« Les gens savent qu’ils ont un rôle à jouer d’un point de vue individuel, mais on sait pertinemment que les gouvernements et les entreprises ont un rôle, notamment dans les décisions qui influencent nos modes de consommation », explique Dominic Bourdages, vice-président chez CROP. Selon lui, les résultats du sondage sont clairs : « On considère que ce sont d’abord les gouvernements et les grandes entreprises qui doivent se responsabiliser. »

Ces résultats ne surprennent pas Valériane Champagne St-Arnaud, professeure adjointe au Département de marketing de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. « Les citoyens comprennent qu’il y a une partie de la solution qui est entre leurs mains, mais ils savent aussi qu’il y a une limite à ce qu’ils peuvent faire. C’est pour ça qu’ils en exigent davantage de la part des gouvernements », souligne la corédactrice du Baromètre de l’action climatique, en évoquant les mesures fiscales ou réglementaires qui peuvent être imposées par les gouvernements.

Ce rapport met d’ailleurs en lumière un fort appui à certaines mesures concrètes, comme la bonification des infrastructures de transport actif et collectif, mais aussi la gratuité pour ces derniers. En matière d’adaptation, le verdissement, les investissements dans le réseau de la santé, la rénovation d’habitations et « l’accès aux professionnels de la santé mentale pour les personnes souffrant d’écoanxiété ou ayant subi des impacts des changements climatiques » recueillent des appuis importants.

Inquiétude

Cet appel à une action plus musclée de la part des décideurs publics et du secteur privé apparaît tout à fait naturel à la lumière des résultats du sondage de CROP, selon Dominic Bourdages. Pas moins de 85 % des répondants sont en effet d’« accord » avec l’idée que « notre consommation et notre façon de vivre contribuent à tout détruire sur la planète ».

« La prise de conscience a progressé au fil des ans. On sait de plus en plus que la façon dont on consomme n’est pas viable. Les gens en sont conscients », affirme M. Bourdages.

La plus récente édition du Baromètre de l’action climatique conclut aussi que « la préoccupation à l’égard de la crise climatique n’a jamais été aussi forte », souligne Valériane Champagne St-Arnaud. Pas moins de 86 % de la population estime en fait qu’il y a « urgence d’agir » en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d’adaptation.

Au Québec, l’optimisme par rapport à la suite des choses anime encore la majorité de la population (69 %), selon ce rapport réalisé annuellement par le groupe de recherche sur la communication marketing climatique de l’Université Laval. Mais il s’accompagne également de forts sentiments d’impuissance (62 %), de tristesse (54 %), de peur (48 %) et de colère (42 %).

Les citoyens sont en outre de plus en plus nombreux à se sentir « personnellement affectés » par les impacts de la crise du climat et ils veulent agir, fait valoir M. Bourdages. Le sondage CROP, réalisé en avril, constate que 70 % posent déjà des gestes, mais aussi que 55 % estiment qu’ils pourraient « en faire encore un peu plus ».

Les gestes qu’ils disent déjà poser sont, en majorité, le recyclage, le compostage et la réduction de l’utilisation de la voiture. Le Baromètre de l’action climatique démontre pour sa part que « certains changements sont plus difficiles à opérer », dont la transformation du régime alimentaire et la réduction de la consommation de produits d’origine animale.



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