Ocean Cleanup veut avoir récolté 10 millions de kilos de déchets d’ici la fin de l’année

L’organisation de lutte contre la pollution plastique a déployé des systèmes dans le Pacifique et plusieurs fleuves.
Photo: The Ocean Cleanup L’organisation de lutte contre la pollution plastique a déployé des systèmes dans le Pacifique et plusieurs fleuves.

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Après des années de tests et d’essais complexes, l’organisation Ocean Cleanup espère maintenant accélérer la récolte de déchets, surtout du plastique, grâce à son système déployé dans l’océan Pacifique et dans certains fleuves très pollués. Pendant ce temps, les pays membres de l’ONU tenteront cette semaine de négocier un traité pour s’attaquer à ce fléau environnemental mondial.

Le projet Ocean Cleanup avait d’abord attiré l’attention après avoir été présenté en 2012 par un jeune Néerlandais, Boyan Slat, qui ambitionnait alors de nettoyer le « continent de plastique » de l’océan Pacifique, qui compterait plus de 80 000 tonnes de déchets. Mais de l’idée, inédite, à sa concrétisation, le projet a connu un parcours difficile. Plusieurs essais se sont en effet avérés être des échecs.

Depuis maintenant un peu plus de trois ans, les opérations ont toutefois « progressivement pris de l’ampleur », assure la porte-parole de l’organisation, Ashley Heijkoop-Horn, dans un échange de courriels avec Le Devoir. Elle explique que dans le Pacifique, Ocean Cleanup emploie maintenant le « Système 002 », une sorte d’immense entonnoir d’un diamètre de 1320 mètres. Tiré par deux navires, celui-ci permet de concentrer les déchets, avant de les extraire de l’océan. Le plastique est par la suite recyclé.

L’organisation, qui compte déployer prochainement un système d’un diamètre de 2500 mètres, publie régulièrement des images des déchets récoltés. Ils sont constitués notamment d’une multitude de types d’engins de pêche et d’objets de plastique très divers. Leur retrait permet d’éviter qu’ils se dégradent en microparticules de plastique qui peuvent se frayer un chemin dans la chaîne alimentaire.

« Intercepteurs »

La pollution plastique n’en demeure pas moins omniprésente dans le « continent de plastique » du Pacifique, car malgré tous les efforts d’Ocean Cleanup, à peine plus de 200 000 kilos (200 tonnes) de déchets auraient été retirés des eaux jusqu’à maintenant. Et il existe six de ces masses de plastique dans le monde. Globalement, on estime que plus de 150 millions de tonnes se trouveraient déjà dans les océans de la planète, un nombre qui devrait doubler d’ici 2050.

Dans ce contexte, Ocean Cleanup « déploie beaucoup d’efforts » pour mettre au point des « intercepteurs » sur différents fleuves, explique Ashley Heijkoop-Horn. Il s’agit essentiellement de bateaux munis de systèmes « qui permettent de récolter les déchets qui voyagent dans les cours d’eau avant qu’ils n’atteignent les océans ».

De tels dispositifs sont déjà en activité en Indonésie, au Vietnam, en Jamaïque, en République dominicaine et en Californie. Dans tous les cas, il s’agit de cours d’eau qui transportent des quantités importantes de déchets, dont du plastique. Selon les différentes estimations disponibles, les fleuves du monde déverseraient d’ailleurs entre 1,5 et 2,5 millions de tonnes de plastique chaque année dans les océans.

En combinant les résultats obtenus avec le système en marche dans le Pacifique et les « intercepteurs », Ocean Cleanup évalue qu’il a récolté près de 3,3 millions de kilos de déchets jusqu’à présent. « Nous estimons que les opérations en cours permettront d’atteindrerapidement 5 millions de kilos, puis plus de 10 millions de kilos d’ici la fin de l’année », souligne Ashley Heijkoop-Horn.

Négociations

Les groupes environnementaux espèrent donc que les négociations qui se sont ouvertes lundi à Paris permettront aux pays membres de l’ONU de faire progresser un traité censé permettre de réduire la pollution par le plastique.

L’enjeu est de taille, alors que la production annuelle a plus que doublé en 20 ans, pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait encore tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, les deux tiers de cette production mondiale ont une faible durée de vie et deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations.

À l’échelle mondiale, moins de 10 % des déchets de plastique sont recyclés, tandis que 22 % d’entre eux sont mal gérés ou rejetés dans l’environnement. Ils se retrouvent alors dans les cours d’eau, dans les profondeurs des océans, dans la glace des pôles, dans l’estomac des oiseaux et de centaines d’espèces marines, au sommet des montagnes, etc. Des microplastiques ont aussi été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.

Le plastique pose par ailleurs un problème pour son rôle dans le réchauffement climatique : il représentait 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, 3,4 % des émissions mondiales, un chiffre qui pourrait plus que doubler d’ici à 2060, selon l’OCDE.

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