Des fauconneaux nés sur le pont Mercier

Un faucon pèlerin adulte nourrissant un des deux fauconneaux nés au cours des derniers jours dans la structure du pont Honoré-Mercier
Capture d’écran d’une caméra de Ponts Jacques-Cartier et Champlain Incorporée Un faucon pèlerin adulte nourrissant un des deux fauconneaux nés au cours des derniers jours dans la structure du pont Honoré-Mercier

On ne les voit pas en passant en voiture sur les ponts de la région de Montréal, mais des couples de faucons pèlerins nichent sur la majorité de ces infrastructures urbaines. Des fauconneaux sont d’ailleurs nés au cours des derniers jours sur le pont Honoré-Mercier, où des adultes de cette espèce jadis au seuil de l’extinction reviennent année après année.

Biologiste et directrice principale d’Environnement Faucon, Marilou G. Skelling fait valoir que deux des quatre oeufs du couple nicheur ont éclos entre les 11 et 15 mai. Ce sont les premiers jeunes observés cette année par la biologiste et son équipe, qui font le suivi des faucons pèlerins sur les ponts gérés par la société d’État Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain Incorporée.

Les faucons du pont Mercier sont surveillés grâce à une caméra, ce qui a permis de voir un des adultes en train de nourrir un des oisillons. Environnement Faucon effectue aussi chaque semaine des suivis sur place, notamment lorsque la période du premier envol des fauconneaux approche. Cette étape critique du cycle de vie de ces rapaces n’est pas toujours couronnée de succès au premier essai, souligne Mme Skelling. « J’ai déjà ramassé un fauconneau sur un chantier. On peut le remettre près du nid, en hauteur, pour éviter les risques de prédation ou de collision. »

Nicher au pont Jacques-Cartier

 

En plus du pont Mercier, un couple niche sur le nouveau pont Samuel-De Champlain et, depuis maintenant deux ans, des faucons pèlerins sont de retour sur le pont Jacques-Cartier. Pendant plusieurs années, rappelle la biologiste, il n’y a pas eu de rapaces nicheurs sur ce pont. S’il n’y a pas de caméra permettant de confirmer qu’ils couvent actuellement des oeufs, les observations des biologistes laissent croire que la chose est possible cette année.

D’autres ponts de la région ont leur couple de faucons, ce qui aurait été impensable il y a de cela quelques années. Dans le passé, le faucon pèlerin a en effet été décimé, principalement en raison de l’utilisation massive du DDT, un pesticide très toxique qui a provoqué des problèmes chroniques de reproduction chez ces oiseaux. Et même si le DDT a été interdit au Canada dès 1972, la situation est demeurée critique pendant plusieurs années, notamment en raison de la persistance de ce pesticide dans l’environnement.

Les premiers inventaires réalisés au Québec, dans la vallée du Saint-Laurent, indiquaient par exemple que l’espèce était pour ainsi dire rayée de la carte, avant qu’elle ne commence à gagner quelques rares couples nicheurs, dans les années 1990.

Les effectifs de ces rapaces ont fini par augmenter et, dans un rapport produit à la demande du gouvernement du Québec et publié en 2022, on souligne qu’« après avoir connu une bonne augmentation de ses effectifs et un ralentissement plus récemment, le faucon pèlerin serait en bonne voie de rétablissement ».

Habitat urbain

 

Même si sa situation s’est grandement améliorée au Canada, l’espèce est toujours aux prises avec certaines menaces, dont les collisions avec les lignes à haute tension, les voitures ou les vitres d’édifices, le dérangement par l’escalade ou les randonneurs ainsi que les éoliennes.

Une partie du retour en force de ce faucon s’explique toutefois par sa capacité d’adaptation en milieu urbain. « Le faucon s’est bien adapté, parce qu’on retrouve beaucoup de proies en milieu urbain — comme des pigeons —, mais aussi des structures en hauteur qui sont en quelque sorte l’équivalent d’une falaise », explique Marilou G. Skelling.

Dans la nature, les faucons nichent en effet sur des falaises. Ils ne construisent pas de nid, mais choisissent une surface plane recouverte de gravier où ils peuvent déposer leurs oeufs et les maintenir en place.

 

C’est d’ailleurs pour cela qu’on trouve ce type de petites roches dans la boîte de nidification de faucons installée au sommet de la tour du pavillon Roger-Gaudry, à l’Université de Montréal. La femelle faucon pèlerin, nommée « Ève », a pondu ses quatre oeufs entre le 16 avril et le 23 avril, et les fauconneaux devraient naître quelque part vers le 23 mai. On peut d’ailleurs l’observer 24 heures sur 24 en pleine couvaison grâce à une caméra dont les images sont webdiffusées.



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