Lévis présente sa stratégie de résilience climatique

La Ville de Lévis a présenté jeudi les grandes orientations de sa « stratégie d’adaptation aux changements climatiques ». Le maire Gilles Lehouillier promet que la municipalité évaluera dorénavant les bénéfices environnementaux avant de prendre une décision et qu’elle augmentera aussi les exigences qui encadreront le développement résidentiel, commercial et industriel.
Lévis a désormais un portrait plus juste des « risques et des vulnérabilités potentiels associés aux changements climatiques ». Selon les modélisations élaborées par la Ville, jusqu’à 43 jours de canicule par année — avec des extrêmes pouvant parfois atteindre 40 °C — se profilent à l’horizon.
« Nous pourrions aussi recevoir 30 % de précipitations supplémentaires avec les risques d’érosion, de glissements de terrain et d’inondations riveraines et fluviales que ça comporte », a indiqué Jean-Claude Belles-Isles, le directeur des dossiers environnementaux de la municipalité. À l’inverse, la sécheresse pourrait gagner les sols, même si les modèles ne prévoient pas de difficulté d’accès à l’eau étant donné que la Ville puise une grande partie de la sienne à même le Saint-Laurent.
« Un autre aléa important, a ajouté M. Belles-Isles, ce seront les conditions hivernales changeantes, où nous aurons de la neige suivie de périodes de fonte. Cela amènera une neige plus lourde et nous devrons possiblement adapter nos édifices pour nous assurer qu’il n’y a pas de surcharge sur les bâtiments. »
« Nous ne pouvons pas y échapper. Les municipalités sont aux premières loges pour assurer l’adaptation aux changements climatiques », a indiqué le maire.
Oui à un troisième lien routier
Gilles Lehouillier a présenté jeudi les grandes lignes d’une stratégie « avant-gardiste » qui se fait encore avare de détails, notamment sur le coût de sa mise en oeuvre.
Parmi les avancées saluées par l’opposition municipale, le maire assure que son administration imposera dorénavant des critères environnementaux plus serrés aux projets de développement — sans nécessairement les exiger pour ceux déjà en place — et qu’elle mesurera à partir de maintenant la valeur environnementale des propositions avant de les adopter.
« Concrètement », Gilles Lehouillier évoque, entre autres, la récupération d’énergie, une meilleure gestion des eaux de pluie et un aménagement qui prend en compte la protection des milieux naturels parmi les outils que la Ville de Lévis entend déployer pour s’adapter aux aléas du climat.
En présentant les grandes lignes de sa stratégie climatique, le maire a toutefois refusé de jeter son dévolu sur le troisième lien consacré au transport collectif désormais promis par le gouvernement caquiste. « Nous sommes dans le rêve, répète Gilles Lehouilllier. Nous verrons quand un projet sera déposé. »
L’élu insiste sur la nécessité d’un troisième lien routier, peu importe sa forme ou son emplacement, pour faire face à la croissance attendue dans sa ville.
Par ailleurs, la Ville entend aussi s’attaquer aux îlots de chaleur. « À Lévis, nous avons une tradition de faire des stationnements de surface, a indiqué l’élu. Il va peut-être falloir revoir nos façons de faire. » Hors de question, cependant, de reculer sur le prolongement du boulevard Étienne-Dallaire, un chantier décrié par l’opposition à l’Hôtel de Ville, qui aimerait plutôt voir pousser un grand parc là où le maire s’engage à dérouler une chaussée bordée de pistes cyclables.
Bémols de l’opposition
Le maire a aussi vanté les mesures déjà mises en branle par son administration, notamment l’électrification de sa flotte d’autobus — une exigence du gouvernement — et l’aménagement de tronçons de voies réservées au transport collectif sur le boulevard Guillaume-Couture, une grande artère qui relie l’est de la ville et les ponts.
Pour le parti d’opposition Repensons Lévis, ces tronçons s’avéreront surtout utiles aux automobiles. « L’étude de SNC-Lavalin sur les voies réservées disait, en 2020, que l’augmentation de la part modale serait nulle », a réagi la formation politique, en rappelant qu’au moment où la Ville envisageait la mise en place d’un service rapide par bus, son objectif était d’amener les gens à délaisser l’auto au profit du transport collectif. « Là, nous nous retrouvons avec un projet pour les voitures, essentiellement », a déploré le parti.
Serge Bonin, l’un des deux élus de Repensons Lévis, se réjouit que la Ville adopte un plan d’adaptation, mais déplore le manque de données. « Le diagnostic est bon, mais on manque d’actions chiffrées et mesurables. Quel est le portrait actuel des émissions de gaz à effet de serre sur notre territoire ? On ne le sait pas. Oui, il faut agir maintenant, mais il faut savoir d’où l’on part et où l’on s’en va », rappelle le conseiller de Saint-Étienne dans un communiqué.