Fondation de Gaspé Beaubien: plongée dans la protection de l’eau

Caroline Rodgers
Collaboration spéciale
Les trois générations de philanthropes pour la cause de l’eau, de gauche à droite : François, Nan-B et Louis-Alexandre de Gaspé Beaubien. La photo a été prise lors du premier anniversaire d’AquaEntrepreneur.
Photo: AquaAction Les trois générations de philanthropes pour la cause de l’eau, de gauche à droite : François, Nan-B et Louis-Alexandre de Gaspé Beaubien. La photo a été prise lors du premier anniversaire d’AquaEntrepreneur.

Ce texte fait partie du cahier spécial Philanthropie

En 2015, Nan-B de Gaspé Beaubien et son mari, Philippe, ont eu un choc lorsque leurs petits-enfants sont venus les voir en leur disant qu’ils voulaient se consacrer à la cause de l’eau. Comme pour la majorité des Canadiens, pour ces philanthropes, cet élément abondant au pays semblait quelque chose de banal, que l’on tient pour acquis. Ils ont changé d’avis et ont compris que la préservation de l’eau est un enjeu essentiel à la survie de l’humanité.

Si, pendant plus de 20 ans, la Fondation de Gaspé Beaubien s’est fait connaître par le soutien qu’elle a apporté aux familles en affaires, sous l’impulsion de la quatrième génération, elle s’est tournée ces dernières années vers la protection de l’eau.

« Nous sommes très proches de nos petits-enfants, indique Nan-B de Gaspé Beaubien. Quand ils venaient séjourner chez nous, on commençait toujours la journée avec une pensée du jour. Parmi les valeurs qu’on a tenu à leur transmettre, une valeur clé pour nous est que ceux qui ont reçu beaucoup doivent donner beaucoup. Et ils ont compris cela. »

Or, comme bien d’autres jeunes qui sont attachés aux causes environnementales, la nouvelle génération de Gaspé Beaubien a développé une passion pour l’eau. Le Canada possède 20 % des réserves d’eau douce mondiales. Or, les Canadiens sont les champions du gaspillage de l’eau. De plus, au cours des décennies à venir, l’eau deviendra un enjeu géopolitique majeur. Conscients de tout cela, les petits-enfants de Gaspé Beaubien ont convaincu leurs grands-parents de tourner les efforts de leur Fondation vers la préservation de l’eau.

« On doit prendre conscience de la valeur de l’eau », dit Nan-B de Gaspé Beaubien, qui a elle-même passé énormément de temps à lire sur le sujet. Depuis ce virage, 10 millions de dollars ont été consacrés à la préservation de l’eau par la Fondation.

Un bien commun

« La Fondation de Gaspé Beaubien a choisi de ne pas distribuer de petits montants ici et là, mais d’investir de façon substantielle dans un seul organisme, explique Dominique Monchamp, directrice générale de la Fondation. L’eau est une cause complexe, qui demande des solutions complexes. Ce qu’on a décidé de faire, c’est d’amener des champions autour du projet pour créer une nouvelle organisation à but non lucratif, qui sera vraiment orientée vers les valeurs et les objectifs qu’on veut mettre en avant. Nous avons donc fondé AquaAction, qui a son propre conseil d’administration, à qui la Fondation fait des dons. »

Pour le moment, AquaAction concentre son action sur l’Amérique du Nord.

« L’un de nos plus grands problèmes, c’est le fait que les Canadiens sont complètement inconscients de l’importance et de la valeur de l’eau en la tenant pour acquise, dit Nan-B de Gaspé Beaubien. Le Canada ne joue pas le rôle de leader mondial qu’il devrait avoir dans la préservation de l’eau. »

Pour la Fondation, l’objectif n’est pas d’exercer un contrôle, mais bien de travailler avec les acteurs du milieu.

« On travaille en collaboration avec les groupes et les organisations, notamment la Coalition québécoise pour des eaux saines, qui regroupe 12 organismes importants du Québec oeuvrant pour l’avancement des politiques de l’eau et favorisant un dialogue avec les instances gouvernementales. Nous croyons fondamentalement que l’eau est un bien commun et qu’elle doit être gérée par l’État. Cela dit, nous sommes conscients que l’innovation technologique n’est pas suffisamment au coeur de la gestion de l’eau au Canada et que cela doit changer », dit Dominique Monchamp.

Le but d’AquaAction est de devenir un leader canadien dans la préservation de l’eau tout en mettant l’innovation, la technologie et l’entrepreneuriat au service de la cause. Son programme le plus important, AquaHacking, lance des entreprises technologiques innovantes qui développent une multitude de solutions pour protéger ou économiser l’eau dans divers contextes.

AquaHacking est un programme d’émergence de dix mois pour les entreprises en prédémarrage, qui s’adresse aux jeunes pousses avant même qu’elles entrent dans leur phase d’incubation. Son but est d’aller chercher les meilleurs scientifiques, ingénieurs, administrateurs qui ont des idées pertinentes et novatrices impliquant la technologie pour l’eau. Le programme les aide à concrétiser leur idée sous forme d’entreprise ou d’organisme à but non lucratif.

« C’est fascinant de voir à quel point cette génération est passionnée et veut trouver des solutions », souligne avec enthousiasme la présidente d’AquaAction, Soula Chronopoulos.

Une action politique

Le message à retenir des actions de la Fondation de Gaspé Beaubien et d’AquaAction, c’est que l’eau est un bien universel dont il faut prendre soin.

« Il n’y a pas de frontière dans la protection de l’eau, dit Dominique Monchamp. Le gouvernement Trudeau a annoncé récemment 650 millions dans un plan d’action de l’eau, notamment pour la protection des Grands Lacs. C’est un pas dans la bonne direction. »

En plus de soutenir AquaAction, la Fondation de Gaspé Beaubien consacre une partie de son budget à mobiliser la population et les coalitions dans le but d’entretenir un dialogue avec les gouvernements.

« Nous siégeons au comité directeur de la Coalition canadienne pour des eaux saines dans le but de commencer un dialogue sur les politiques gouvernementales, indique Mme Monchamp. Cette coalition représente plus de 60 organismes à travers le Canada. Nous avons demandé au gouvernement fédéral d’investir 1 milliard de dollars sur cinq ans, de réviser sa loi sur l’eau douce et de créer une agence canadienne de l’eau indépendante pour coordonner l’ensemble des ministères ainsi que les relations avec les provinces et les États-Unis pour la gestion de l’eau. La création de l’agence a récemment été annoncée. »

Au Québec, le Fonds bleu vient d’être annoncé, avec 500 millions. Les entreprises manufacturières qui utilisent l’eau dans leurs opérations devront contribuer à ce fonds.

« Nous tentons humblement de jouer un rôle de rassembleur en étant impliqués dans ces coalitions pour ainsi permettre aux parties prenantes de travailler ensemble au lieu de travailler en vase clos », dit Dominique Monchamp.

Pour Nan-B, une préoccupation demeure : sensibiliser la population à l’importance de l’eau.

« Les Canadiens ne sont pas assez conscients de ces enjeux, déplore-t-elle. C’est un enjeu environnemental, mais également de santé publique. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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