Protéger la nature dans une région urbanisée

Isabelle Delorme
Collaboration spéciale
Grâce à des investissements de 26 millions de dollars consentis par Québec et la CMM, la Ville de Laval a acquis 68 hectares de milieux naturels protégés en 2022.
Photo: Jérémie LeBlond-Fontaine Grâce à des investissements de 26 millions de dollars consentis par Québec et la CMM, la Ville de Laval a acquis 68 hectares de milieux naturels protégés en 2022.

Ce texte fait partie du cahier spécial Grand Montréal

La protection et la mise en valeur des milieux naturels — terrestres et aquatiques — figurent parmi les grandes orientations du Plan métropolitain d’aménagement et de développement du Grand Montréal (PMAD). Grâce à diverses mesures régionales et locales, 22 % du territoire métropolitain fait aujourd’hui l’objet de mesures de conservation.

« Depuis l’adoption du PMAD, nous sommes allés chercher quelques hectares supplémentaires, pour atteindre 10,1 % d’aires protégées sur le territoire il y a deux ans », raconte Nicolas Milot, conseiller en innovation pour les dossiers stratégiques et partenariats de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Mais pour atteindre la cible de 17 % prévue par le PMAD (alignée sur le Protocole de Nagoya de 2010), il fallait d’autres moyens. « Décréter qu’un territoire bénéficie du statut d’aire protégée implique des processus longs pour lesquels nous n’avons pas une complète autonomie, car la décision appartient au gouvernement du Québec », explique M. Milot.

En 2022, l’adoption d’un règlement de contrôle intérimaire (RCI) concernant les milieux naturels a permis de dépasser le taux de 17 % en ajoutant des territoires qui jouissent de mesures de conservation sans être enregistrés comme aires protégées. « Grâce à ce règlement, nous sommes à la croisée des chemins. Nous avons atteint 22,1 % de milieux naturels couverts par des mesures de protection ou de conservation, ce qui nous rapproche de notre cible de 30 % pour 2030 », indique Massimo Iezzoni, directeur général de la CMM. Cela représente déjà près de 100 000 hectares, soit une superficie équivalente à l’île de Montréal.

Vers une modification de la Loi sur l’expropriation

La nouvelle cible est ambitieuse pour une région densément peuplée comme le Grand Montréal, qui compte au total 32 % de milieux naturels (protégés ou non) sur son territoire. La CMM a pris cet engagement pour atteindre un objectif phare de la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) qui s’est tenue à Montréal l’an dernier : protéger 30 % des terres et des mers de la planète d’ici 2030.

« Nous sommes impatients de voir la proposition du gouvernement pour modifier la Loi sur l’expropriation », indique M. Iezzoni. La juste valeur marchande des terrains est un enjeu crucial, notamment pour le projet de Trame verte et bleue du Grand Montréal, qui implique des projets d’acquisition.

« Ces dernières sont presque incontournables pour nous assurer de la pérennité de nos milieux naturels, mais elles coûtent extrêmement cher. Les conditions d’expropriation avantagent le propriétaire, souvent dédommagé pour une valeur qui n’a rien à voir avec l’usage historique du territoire, mais avec le potentiel de développement dans l’avenir », déplore Nicolas Milot. Entre un usage historique agricole et dix tours de condos virtuelles, les prix s’envolent.

Un bouquet de mesures à Laval

« Il n’y a pas de recette magique ! Nous avons agi de différentes manières pour mieux protéger nos milieux naturels », lance le maire de Laval, Stéphane Boyer. Bien que Laval figure parmi les zones les plus urbanisées de la région, la Ville a dépassé sa cible de protection de 14 % en atteignant 18,27 % de territoire naturel protégé.

Grâce à des investissements de 26 millions de dollars consentis par Québec et la CMM, la Ville a acquis 68 hectares de milieux naturels protégés en 2022. « Dès qu’une occasion se présente, nous tentons le plus possible d’acheter les îles, les boisés, les berges et d’autres milieux naturels d’intérêt qui sont mis en vente », explique Stéphane Boyer. Sans attendre que les propriétaires décident de céder leurs terrains, la Ville utilise aussi parfois l’avis de réserve (une mesure bloquant les améliorations ou les constructions pendant une période donnée) pour enclencher des négociations. « La manière la plus efficace de protéger des milieux naturels est d’en être le propriétaire », souligne le maire.

Des mesures réglementaires rattachées au PMAD (ou en concordance avec lui) ont complété cette stratégie en imposant des normes et des zonages plus restrictifs. « Nous avons par exemple diminué le nombre de logements permis en construction dans certains milieux sensibles », dit le maire, qui a aussi élargi les bandes de protection le long des rives. « Pour chaque projet de construction, nous nous assurons qu’un minimum de terrain reste en surface végétale », précise-t-il.

La Ville soutient financièrement le réseau Canopée, un OBNL qui protège les bois. « Cela a permis l’embauche d’employés à temps plein, indique M. Boyer. C’est un bel exemple d’initiative concrète où la Ville travaille avec les citoyens pour protéger, mais aussi mettre en valeur et rendre accessibles nos milieux naturels. »

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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