Un élagage «de haute précision» pour que les arbres s'épanouissent sans casser les câbles électriques

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Les arbres abritent oiseaux et écureuils. Ils nous émerveillent avec leurs couleurs automnales. Ils nous rafraîchissent sous leur feuillage estival. Toutefois — comme on l’a vu la semaine dernière —, ils cohabitent difficilement avec les câbles électriques lors des épisodes de météo extrême.
Comment élaguer les arbres au strict minimum, pour profiter de leurs bienfaits, tout en prévenant les dommages qu’ils peuvent causer aux équipements électriques ?
Avec la « foresterie de haute précision », répond Christian Messier, directeur scientifique de l’Institut des sciences de la forêt tempérée de l’Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche CRSNG / Hydro-Québec sur le contrôle de la croissance des arbres.
« Le verglas qui vient de se produire, pour nous, c’est une source d’informations inestimable », déclarait-il la semaine dernière, en entrevue téléphonique au Devoir, alors que les branches verglacées jonchaient encore le sol de la région métropolitaine.
Dans le cadre d’un projet qu’ils mènent de concert avec Jakarto, une entreprise québécoise de cartographie mobile, M. Messier et ses collègues ont déjà « scanné » les arbres en bordure de toutes les rues de Montréal. Ils entendent utiliser les données récoltées pour développer un outil numérique qui viendrait en aide aux élagueurs.
« On voudrait être capables de déterminer, pour chaque arbre, quelles sont les branches qui risquent de tomber s’il y a des vents importants ou des verglas, explique le chercheur. Et on voudrait guider les élagueurs pour intervenir sur les arbres qui sont à risque, au lieu d’élaguer de façon systématique, comme on le fait actuellement, sans avoir si c’est vraiment nécessaire. »
Les données sont prélevées grâce à un lidar, c’est-à-dire un appareil de télédétection par laser, qui est fixé sur une automobile sillonnant les rues ciblées. Marie-Jean Meurs, une spécialiste en intelligence artificielle de l’UQAM, collabore au projet pour développer un algorithme capable d’identifier les branches qui pourraient tomber sur un câble électrique en cas de tempête.
Le verglas qui vient de se produire, pour nous, c'est une source d'informations inestimable
Ces jours-ci, M. Messier mobilise son équipe pour que le véhicule de Jakarto repasse dans certaines rues cartographiées. Cela permettra de déterminer exactement quelles branches ont cédé sous le poids de la glace. Il sera ainsi possible d’améliorer le modèle prédictif.
« Ça peut ressembler à de la science-fiction, mais avec les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, on pense être capables d’arriver à un outil fonctionnel d’ici quelques années », soutient le professeur de foresterie, qui travaille depuis une quinzaine d’années sur le verglas et sur ses répercussions biomécaniques sur les arbres.
Chaque année, les techniciens d’Hydro-Québec réalisent plus de 270 000 interventions sur la végétation (élagage, déboisement et abattage) pour prévenir les pannes dans le réseau de distribution. En moyenne, les élagueurs de la société d’État repassent dans chaque quartier tous les six ans.