Laval a dépassé ses cibles de protection des espaces verts 

La Ville a acquis 568 hectares d’îles et de lots riverains dans le cadre de son projet d’agrandissement du refuge faunique de la Rivière-des-Mille-Îles, afin d’en faire l’un des plus grands parcs au Québec.
Photo: Olivier Zuida Le Devoir La Ville a acquis 568 hectares d’îles et de lots riverains dans le cadre de son projet d’agrandissement du refuge faunique de la Rivière-des-Mille-Îles, afin d’en faire l’un des plus grands parcs au Québec.

Au moment où plusieurs municipalités font face à la « lourdeur bureaucratique » de Québec et à de fortes pressions immobilières, la Ville de Laval peut se targuer d’avoir dépassé ses cibles de protection des milieux naturels, a appris Le Devoir. Le maire Stéphane Boyer en fera l’annonce jeudi dans le cadre de la première édition du Sommet de la biodiversité pour les municipalités.

En 2009, la Ville de Laval ne protégeait que 3,61 % de la superficie de son territoire, un pourcentage qui a quintuplé depuis pour atteindre 18,27 %, soit 4872,5 hectares, révélera le maire Boyer dans le discours d’ouverture de ce sommet, qui aura lieu dans un hôtel de l’île Jésus jeudi. La troisième ville du Québec a ainsi dépassé de plusieurs points de pourcentage la cible de 14 % de protection de son territoire qu’elle s’était donnée pour l’horizon de… 2035.

L’arrivée au pouvoir de M. Boyer, en novembre 2021, après le règne de huit ans de Marc Demers à la tête de Laval, a d’ailleurs été suivie par une série d’acquisitions d’espaces verts et boisés par la Ville.

La municipalité évalue ainsi à 68 hectares les milieux naturels protégés sur son territoire dans la dernière année, au terme d’investissements de 26 millions de dollars assurés à même son budget, de même qu’avec l’aide de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et de Québec. Ces acquisitions comprennent notamment une partie du bois Saint-François et du boisé d’Auteuil, tandis que des terrains totalisant 30 hectares ont été acquis l’an dernier en bordure des bois de Sainte-Dorothée et de l’Équerre.

La Ville a aussi acquis l’an dernier 568 hectares d’îles et de lots riverains dans le cadre de son projet d’agrandissement du refuge faunique de la Rivière-des-Mille-Îles, afin d’en faire l’un des plus grands parcs au Québec.

Ce sont par ailleurs 70 % des milieux humides du territoire qui sont aujourd’hui protégés à Laval, malgré les pressions immobilières associées à certains de ces terrains. Du lot, on comprend une partie du bois du ruisseau Barbe, considéré comme un milieu humide en danger, à l’intersection des autoroutes 13 et 440. En 2020, une partie des terrains du boisé avaient été acquis par un consortium de promoteurs souhaitant y réaliser un projet industriel, mais un des membres du consortium, le Groupe Montoni, a finalement accepté l’an dernier de céder deux terrains à la Ville à des fins de protection.

La Ville de Laval n’entend d’ailleurs pas s’asseoir sur ses lauriers, mais plutôt continuer de protéger son territoire et de travailler au verdissement de certains quartiers centraux encore largement minéralisés, affirme le maire dans la trentaine. La CMM, présidée par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est d’ailleurs donné comme cible de protéger 30 % de son territoire d’ici 2030, malgré le phénomène d’étalement urbain que connaît la grande région de Montréal. « On va continuer à aller plus loin dans les prochaines années », promet ainsi M. Boyer.

Lourdeur bureaucratique

Joint par Le Devoir, le chargé de projets en milieux naturels et humides au Conseil régional de l’environnement de Laval, Alexandre Choquet s’est réjoui de cette annonce. « Ça montre la volonté de Laval de protéger le maximum de notre territoire. » Il précise toutefois que tant que les territoires acquis par la Ville ne seront pas inscrits aux aires protégées par le gouvernement du Québec, ceux-ci ne sont pas à l’abri d’éventuels changements de zonage qui permettraient la réalisation de projets immobiliers ou commerciaux. « Il pourrait y avoir, dans l’avenir, des problématiques. »

Or, actuellement, la « lourdeur bureaucratique » qu’accuse le gouvernement du Québec complexifie la tâche des municipalités souhaitant inscrire des terrains au registre des aires protégées de la province, constate Marie-Pierre Beauvais, qui est responsable des dossiers d’aires protégées dans le sud du Québec au sein de la Société pour la nature et les parcs du Canada.

3,61 %
C'est la superficie du territoire qui était protégée par la Ville de Laval en 2009, un pourcentage qui a quintuplé depuis pour atteindre 18,27 %.

« Le message qu’on veut passer, c’est que Québec doit soutenir l’ambition municipale en protection du territoire », indique Mme Beauvais. Son organisme est responsable de l’organisation de la première édition du Sommet de la biodiversité pour les municipalités, au cours duquel des élus d’un peu partout au Québec se réuniront pour tenter de trouver des pistes de solution qui faciliteraient la protection des espaces verts dans la province.

L’événement aura d’ailleurs lieu à guichets fermés. Plus de 270 personnes se sont inscrites, en majorité des élus municipaux et des fonctionnaires.

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