Quelles options de consommation réduisent le plus efficacement les GES?

Éviter de prendre l’avion arrive au sommet du palmarès des actions individuelles.
Olivier Zuida Le Devoir Éviter de prendre l’avion arrive au sommet du palmarès des actions individuelles.

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La majorité des émissions de gaz à effet de serre (GES) peuvent être associées, d’une manière ou d’une autre, à la consommation domestique. L’essence dans nos voitures, l’acier dans nos électroménagers, le boeuf dans nos chilis : extraire et fabriquer ces marchandises implique de libérer du carbone dans l’atmosphère.

Mettre le doigt sur la consommation domestique ne signifie pas excuser les pollueurs industriels et les responsables étatiques. La publicité invitant à la démesure matérialiste, l’absence de solutions de rechange et la mollesse des règlements climatiques ne font rien pour améliorer la situation.

Toutefois, voir le problème à travers la lentille de la consommation domestique permet de se donner des outils pour agir. Cette soif de changer les choses, à l’échelle individuelle, revient d’ailleurs régulièrement dans les messages que vous adressez au Courrier de la planète.

Un article scientifique publié en 2020 dans la revue Environmental Research Letters, signé par Diana Ivanova, de l’Université de Leeds, et ses collègues, offre de précieux enseignements. Cet article, cité dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), quantifie le potentiel de réduction des GES des principales «options de consommation».

Avant de plonger dans les résultats, mettons la table. En 2017, chaque Québécois émettait, en moyenne, par sa consommation, l’équivalent de 8,0 tonnes de CO2. C’est moins que la moyenne nord-américaine (13,4 tonnes), mais plus que la moyenne européenne (7,5 tonnes), mondiale (6,3 tonnes) ou africaine (1,7 tonne).

L’analyse de Mme Ivanova se penche sur trois secteurs principaux: le transport, l’alimentation et l’habitation. Elle compile les constats de dizaines d’études publiées entre 2012 et 2019. Pour chaque choix de consommation, elle s’attarde à la réduction moyenne de GES selon les études consultées, mais aussi à la fourchette des résultats obtenus par les scientifiques.

Transport

Éviter de prendre l’avion arrive au sommet du palmarès des actions individuelles. Ne pas sauter dans l’avion pour un long vol aller-retour épargne l’émission de 1,9 tonne de CO2 en moyenne — entre 0,7 et 4,5 tonnes, selon les paramètres considérés.

Vivre sans voiture à essence recèle aussi un potentiel climatique « substantiel », selon les auteurs. On parle d’une réduction de 2,0 tonnes de CO2 par personne par année — entre 0,6 et 3,6 tonnes de CO2, selon les distances parcourues et le type de véhicule qu’on cesse d’utiliser.

Passer à la voiture électrique réduit les émissions annuelles de 2,0 tonnes de CO2 par personne, en moyenne (entre 1,9 et 5,4 tonnes). Dans les régions où l’électricité est propre, comme le Québec, les gains se situent plutôt dans le haut de la fourchette.

Moins conduire, opter pour le transport actif et opter pour le transport collectif génèrent des réductions qui s’échelonnent entre 0,6 et 1,0 tonne de CO2 par personne par année. Les définitions des études recensées pour ces comportements varient, mais l’idée consiste généralement à éviter la voiture pour les courts trajets en ville.

Le télétravail, qui permet de réduire le navettage quotidien, réduit en moyenne les émissions de 0,4 tonne de CO2 par personne. Les gains obtenus ainsi varient toutefois énormément d’une étude à l’autre, selon cette recension effectuée avant la pandémie.

Le covoiturage et l’écoconduite procurent des réductions modestes de l’ordre de 0,3 tonne de CO2 par personne par année.

Alimentation

Adopter un régime végane permet de réduire ses émissions de 0,9 tonne de CO2 par année — entre 0,4 et 2,1 tonnes — par rapport à l’omnivore moyen.

Adopter un régime végétarien ou méditerranéen ou bien opter pour des viandes moins émettrices de carbone permet de réduire ses émissions de 0,5 tonne par année, en moyenne, selon les études recensées.

Manger biologique réduit de 0,5 tonne par année ses émissions, surtout grâce aux pratiques agricoles qui favorisent la séquestration de carbone dans le sol et à l’abandon des engrais chimiques.

Choisir des aliments locaux et de saison génère des réductions annuelles de 0,4 et de 0,2 tonne de CO2, respectivement. Les auteurs avertissent que les gains peuvent s’évaporer si, pour manger local, il faut chauffer une serre ou utiliser massivement des engrais.

Réduire le gaspillage alimentaire implique un retranchement annuel de 0,3 tonne de CO2 par personne, en moyenne. La bonne gestion des déchets alimentaires qui subsistent après cette réduction — grâce au compost, par exemple — est associée à une diminution négligeable des GES.

Habitation et autres habitudes de consommation

Utiliser de l’électricité de source renouvelable à la maison est associé à d’importantes réductions de CO2 dans l’étude de Mme Ivanova : 1,5 tonne de CO2 par personne par année, en moyenne. Dans le contexte québécois, où tous les foyers sont branchés à une hydroélectricité propre, c’est déjà réglé.

L’utilisation de thermopompes, le virage vers une maison passive ou l’utilisation de thermostats intelligents sont également associés à des gains en matière de GES, mais cela ne s’applique pas dans une maison chauffée à l’électricité propre.

Ne pas avoir d’animal de compagnie est typiquement associé, selon les études, à une réduction annuelle de 0,3 tonne de CO2 par personne.

D’autres habitudes de consommation — comme utiliser moins de textiles et de plastique, utiliser des matériaux recyclables, recycler — génèrent des réductions de GES négligeables, selon les études recensées. Cela ne veut évidemment pas dire que ces comportements n’ont pas d’autres avantages environnementaux…

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