Les municipalités réclament plus de pouvoir face aux minières
L’Union des municipalités du Québec (UMQ) demande au gouvernement provincial des changements législatifs face au boom minier. Dans une déclaration adoptée lors du forum sur l’intégration des activités minières, jeudi, à Gatineau, l’organisme réclame que les municipalités puissent déterminer quels sont les lieux propices ou non aux activités minières.
L’inquiétude est palpable parmi les élus municipaux, selon le président de l’UMQ, Daniel Côté, si bien que plus de 200 d’entre eux, provenant des quatre coins du Québec, se sont déplacés pour assister à ce forum. En cause : l’explosion du nombre de claims, des permis d’exploration minière, dans plusieurs régions du Québec en 2021 et 2022. Plusieurs d’entre elles, comme l’Outaouais et les Laurentides, n’ont pratiquement pas connu d’exploitation minière par le passé. Les citoyens réagissent donc fortement à l’éventualité de voir apparaître une mine non loin de chez eux, surtout dans les zones de villégiature et à proximité de lacs et de rivières.
La Déclaration pour l’intégration harmonieuse des activités minières aux territoires exige donc, entre autres, le retrait de l’article 246 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, qui donne préséance aux activités minières, pétrolières et gazières sur les règlements de zonage, les schémas d’aménagement ou toute autre mesure prise par une municipalité pour gérer l’occupation de son territoire. Il s’agit d’une demande historique de l’UMQ, explique son président, en entrevue au Devoir.
« Beaucoup de gens sont confortables avec le développement minier, qui est créateur de richesse et d’emplois. Mais personne ne veut voir une activité aussi lourde qu’une mine dans la cour arrière des résidences ou à la place d’un parc, d’un espace nature », affirme Daniel Côté, ajoutant qu’une mine pourrait théoriquement avoir le droit de s’installer dans un centre-ville.
Selon M. Côté, les gouvernements locaux, étant les plus proches des citoyens, sont les mieux placés pour garantir l’acceptabilité sociale des projets et éviter des affrontements entre citoyens et entreprises minières.
« Si on nous fait confiance pour gérer où s’installent des parcs industriels, des secteurs résidentiels et des zones agricoles, pourquoi on ne nous ferait pas confiance pour encadrer l’emplacement des activités minières ? » se demande M. Côté.
Protéger les lacs
Selon le président de l’UMQ, les élus locaux sont aussi les plus aptes à protéger les sources d’eau potable des citoyens. Il évoque la possibilité de désigner des zones de protection de bandes riveraines.
D’ailleurs, un nouveau regroupement de 75 associations citoyennes de protection de lacs, la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière, a été lancé mercredi. Le porte-parole de l’organisation, Louis St-Hilaire, encourage toutes les municipalités du Québec à appuyer la déclaration. Le groupe demande également un moratoire sur l’attribution de nouveaux claims.
Beaucoup de gens sont confortables avec le développement minier, qui est créateur de richesse et d’emplois. Mais personne ne veut voir une activité aussi lourde qu’une mine dans la cour arrière des résidences ou à la place d’un parc, d’un espace nature.
Consciente de l’enjeu de l’acceptabilité sociale, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a annoncé jeudi avoir « mandaté le ministère pour qu’il lance une importante démarche pour un développement harmonieux des activités minières ». Le ministère devra « évaluer les différentes facettes du régime minier, notamment les lois, les règlements, les mécanismes d’octroi des droits miniers, les processus de consultation, les procédures gouvernementales, les guides d’accompagnement, de même que les moyens de favoriser les retombées régionales », a fait savoir par courriel son attachée de presse, Flore Bouchon.
En réaction à cette démarche gouvernementale, M. St-Hilaire et le porte-parole de la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine, Ugo Lapointe, ont salué « l’ouverture et l’intention d’agir ». Ils espèrent que le tout mènera à des gestes concrets.