Lutter pour une transition juste

Pascaline David
Collaboration spéciale
Présente à la COP26 à Glasgow en 2021, la délégation de la FTQ était composée du secrétaire général, Denis Bolduc, ainsi que de plusieurs membres des syndicats affiliés, dont le Syndicat canadien des employées et employés professionnels et de bureau (SEPB), le Syndicat des Métallos, le Syndicat des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) ainsi que la FTQ-Construction.
Photo: Sami Dellah Présente à la COP26 à Glasgow en 2021, la délégation de la FTQ était composée du secrétaire général, Denis Bolduc, ainsi que de plusieurs membres des syndicats affiliés, dont le Syndicat canadien des employées et employés professionnels et de bureau (SEPB), le Syndicat des Métallos, le Syndicat des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) ainsi que la FTQ-Construction.

Ce texte fait partie du cahier spécial 33e congrès de la FTQ

« Il n’y a pas d’emplois sur une planète morte », déclarait Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, lors de la COP21. Cette phrase percutante est abondamment reprise par la FTQ, qui milite pour une transition énergétique juste face aux indéniables conséquences des changements climatiques.

En 2015, l’Organisation internationale du travail (OIT) adopte les Principes directeurs pour une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables pour tous. Ce concept signifie que les nouvelles mesures visant à diminuer ou à mitiger les effets des changements climatiques doivent favoriser le dialogue social, la protection sociale, le droit au travail et le droit à l’emploi.

« La transition est nécessaire, mais elle ne doit pas être faite sur le dos des travailleuses et des travailleurs, il faut les inclure dans le processus », lance Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ. Autrement dit, le mouvement vers des milieux de travail décarbonés ne doit pas être une source d’accroissement des inégalités.

L’idée de transition juste est devenue un important cheval de bataille à la FTQ, à la suite de deux tournées effectuées à travers le Québec, il y a quelques années. La centrale avait constaté des mesures environnementales à géométrie variable selon les régions et les secteurs d’activité économique, ainsi qu’une méconnaissance des enjeux et parfois une méfiance chez les travailleurs et travailleuses, qui craignaient de perdre leurs emplois.

Accompagner et soutenir

Avec son comité Environnement et développement durable, la FTQ s’efforce ainsi de diffuser des outils et de générer des discussions dans les milieux pour pallier ces craintes. « Il y a un besoin d’informer, de sensibiliser et d’éduquer sur ce qu’impliquent les changements climatiques et, surtout, de faire comprendre la nécessité d’agir », indique Denis Bolduc.

Des laboratoires de transition juste ont été mis sur pied dans les entreprises, afin d’engager un processus de dialogue social et de mobiliser autant les directions que les personnes employées. Par exemple, du soutien est apporté à des projets pilotes ou à des initiatives structurantes permettant d’améliorer l’efficacité énergétique ou de réduire l’empreinte carbone d’une entreprise.

« Il est nécessaire d’accompagner les travailleuses et travailleurs par la formation, la requalification ou du soutien pour celles et ceux qui perdraient leur emploi ou verraient leurs tâches modifiées, poursuit le secrétaire général. Une fois les mesures implantées, on doit se donner les moyens d’évaluer les actions posées. »

Or, les données fiables manquent toujours à l’appel. La FTQ fait partie des organismes qui soutiennent le projet des Indicateurs du bien-être au Québec, qui recense 51 indicateurs économiques, sociaux et environnementaux pour mesurer le bien-être de la population québécoise. Si les gains économiques et sociaux sont notables, le bilan environnemental est quant à lui préoccupant, notamment en matière d’émissions de gaz à effet de serre, de mobilité et de qualité de l’air. Plusieurs indicateurs sont toujours inexistants concernant l’état de l’économie sociale, la qualité du service de garde à l’enfance, l’artificialisation des sols, l’adaptation aux changements climatiques ou encore l’évolution des espèces.

Ne rien lâcher

Depuis 2015, la centrale participe aux différentes conférences des parties (COP) organisées dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Pour sensibiliser ses membres et ses syndicats affiliés, elle organise aussi des journées de réflexion sur diverses thématiques comme les nouvelles formes de l’économie ou bien le transport collectif, de même que des représentations auprès des différents paliers de gouvernement.

« On a une administration municipale, à Montréal, qui a une meilleure écoute que les précédentes », se réjouit Denis Bolduc. Côté provincial, toutefois, le ton est moins enthousiaste. Après une rencontre avec le gouvernement de François Legault en 2021, pour mettre en place un groupe de travail national sur la transition juste, la FTQ espérait que le projet se concrétise. Finalement, il est toujours au point mort, alors qu’aucune autre rencontre n’a eu lieu depuis. Le secrétaire général s’explique mal pourquoi le gouvernement n’en fait pas une priorité.

La centrale a déjà prévu l’envoi d’une délégation à la COP28, qui aura lieu du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis, donc dans un pays producteur de pétrole. Bien que la FTQ trouve l’idée pour le moins curieuse, elle ne pratiquera pas la politique de la chaise vide, jugée inefficace.

« On continue nos efforts pour mettre en place d’autres laboratoires de la transition juste dans les milieux de travail et pour pousser les instances gouvernementales à en mettre de l’avant, on ne lâchera pas », s’exclame Denis Bolduc. Pour la FTQ, chaque discussion compte.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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