Cinq dossiers environnementaux à surveiller en 2023

Ce texte est tiré du Courrier de la planète du 10 janvier 2023. Pour vous abonner, cliquez ici.
Entre les effets déjà bien réels de la crise climatique et les enjeux de protection de la biodiversité, l’année 2023 sera riche en sujets à surveiller dans le monde. Le Devoir vous propose ici cinq dossiers à suivre au cours de l’année qui débute.
La lutte contre le réchauffement climatique
Malgré les conséquences visibles de la crise climatique, les pays signataires de l’Accord de Paris ne sont pas parvenus à s’entendre en 2022 pour rehausser l’ambition mondiale en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Résultat : selon une évaluation des Nations unies, les émissions mondiales devraient augmenter de 10 % d’ici 2030, par rapport au niveau de 2010. La science climatique plaide pourtant pour une réduction d’au moins 45 % d’ici 2030, afin de limiter la hausse des températures à +1,5 °C.
Bref, le temps presse plus que jamais et les États devront accélérer le pas cette année. Il faudra donc surveiller quels seront les engagements pris avant la prochaine conférence climatique de l’ONU, la COP28, qui est prévue à la fin de l’année aux Émirats arabes unis. Les pays riches qui ont promis de mettre en oeuvre un fonds pour soutenir ceux qui subissent déjà les effets du réchauffement devront aussi préciser comment ils entendent y parvenir.
Le nouveau cadre mondial de protection de la biodiversité
À peine quelques jours avant la fin de la plus récente conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15), plusieurs observateurs doutaient de la possibilité de conclure une entente en vue de freiner le déclin de la biodiversité mondiale. Mais les 196 parties réunies à Montréal ont déjoué les pronostics et les objectifs, sur papier, sont ambitieux.
La communauté internationale s’engage formellement à protéger 30 % des milieux naturels terrestres et maritimes d’ici 2030. La réduction des « risques » que représentent « toutes les sources » de pollution est également inscrite dans l’accord, tout comme l’idée de se tourner vers une agriculture, une foresterie et des pêcheries qui intègrent des pratiques favorables à la biodiversité.
Mais le plus dur est à venir : la mise en oeuvre de l’« accord de Kunming-Montréal ». Et, pour y parvenir, le financement promis par les pays riches aux pays en développement devra être au rendez-vous, dont 20 milliards de dollars dès cette année.
L’exploration minière en milieu marin
Le dossier est relativement méconnu, mais il n’en demeure pas moins bien réel. À l’heure actuelle, une trentaine de permis d’exploration ont déjà été accordés dans le monde par l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), une organisation de l’ONU. Ils sont détenus par 22 entreprises ou États et représentent une superficie de fonds marins des océans Atlantique, Indien et Pacifique qui totalise plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés.
Avant de pouvoir lancer des projets d’exploitation des ressources qui seraient destinées notamment à la fabrication de téléphones cellulaires, d’ordinateurs et de véhicules électriques, les 168 pays membres de l’AIFM doivent cependant convenir d’un cadre réglementaire, qui pourrait se préciser dès cette année. Cette perspective inquiète les groupes écologistes et de nombreux scientifiques. Le Canada refuse pour sa part de fermer la porte à toute exploitation des fonds marins internationaux, tout en plaidant pour que cette industrie se développe dans un cadre réglementaire strict.
La déforestation en Amazonie
Le changement de gouvernement au Brésil, début janvier, a été accueilli avec un soupir de soulagement par les défenseurs de l’Amazonie. Il faut dire que 60 % de la plus importante forêt tropicale de la planète se trouve en territoire brésilien. Et sous la présidence d’extrême droite de Jair Bolsonaro, la déforestation annuelle moyenne a bondi de 75,5 % par rapport à la décennie précédente. Uniquement en décembre 2022, elle était en hausse de 150 % par rapport à décembre 2021. Des images par satellite ont ainsi révélé que 218,4 km2 de forêts ont été rasés.
Ces destructions de la forêt sont essentiellement le fait d’exploitants agricoles, qui veulent accroître leurs terres pour les cultures et l’élevage, activités encouragées par Jair Bolsonaro. Mais Luiz Inácio Lula da Silva a promis de relancer les programmes de protection et de suivi de l’environnement en bonne partie démantelés sous son prédécesseur. La communauté internationale attend des gestes forts du nouveau président, qui a nommé l’icône de l’écologie Marina Silva ministre de l’Environnement.
La protection de la baleine noire de l’Atlantique Nord
La population de baleines noires de l’Atlantique Nord accuse depuis 2017 un fort déclin. La situation découle d’une combinaison de facteurs, dont les faibles naissances, les empêtrements dans les engins de pêche et les collisions avec les navires. Il faut dire que cette espèce, dont la population se résume aujourd’hui à moins de 340 individus, a le malheur de vivre près des côtes américaines et canadiennes, ce qui l’expose aux répercussions de l’activité humaine.
L’espèce a aussi déserté certains secteurs estivaux historiques, comme la baie de Fundy, pour fréquenter plus assidûment le golfe du Saint-Laurent. La protection de l’espèce dépend donc de la collaboration entre les États-Unis et le Canada. Chez nos voisins du Sud, les pêcheurs redoutent des mesures plus strictes pour réduire les empêtrements, et les projets éoliens en milieu marin pourraient représenter une nouvelle menace. Ici, la protection de l’espèce nécessite des mesures de surveillance sans précédent. Reste à voir si la protection se renforcera pour éviter la disparition de cette baleine jadis exterminée par la chasse commerciale.