La grande région de Montréal appelée à réduire ses déchets à la source

Les municipalités de la grande région de Montréal devraient interdire tous les sacs d’épicerie en plastique ainsi que plusieurs autres articles à usage unique, en plus de s’inspirer de la métropole et de Mirabel en adoptant un modèle d’adhésion volontaire pour le Publisac.
C’est ce qui ressort, en somme, du projet de Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui fera l’objet d’une consultation publique l’an prochain, pour ensuite s’appliquer de 2024 à 2031. Ce document se donne comme principal objectif d’aller au-delà du recyclage pour miser sur une réduction à la source des déchets.
« Les défis de gestion des matières résiduelles sont importants sur le territoire métropolitain, alors que les lieux d’enfouissement arriveront à leur capacité maximale d’ici une dizaine d’années », a relevé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dans un communiqué publié jeudi. Celle qui préside également la CMM estime ainsi que la région doit prendre « des mesures fortes et ambitieuses pour favoriser la réduction à la source et le réemploi » dans l’optique d’atteindre le « zéro enfouissement » des déchets.
« C’est courageux », reconnaît le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard, en entrevue au Devoir. Or, « le statu quo ne tient pas » dans un contexte d’accélération des changements climatiques, rappelle-t-il. « Il faut passer à autre chose, penser autrement. »
Exit le plastique à usage unique
Le plan propose ainsi que l’ensemble des 82 municipalités de la région interdisent la distribution de sacs d’emplettes de toute épaisseur d’ici au 31 décembre 2024. Actuellement, 13 municipalités de la région ont interdit la distribution de l’ensemble des sacs de plastique à usage unique. C’est notamment le cas de Montréal, où l’interdiction est entrée en vigueur fin septembre, à la suite d’un règlement adopté l’an dernier.
Questionné sur l’impact environnemental d’une telle mesure, Karel Ménard y voit principalement un geste « symbolique », mais qui peut jouer un rôle de sensibilisation important. « Ça fait en sorte qu’on peut apporter une conversation avec les consommateurs sur leurs habitudes de consommation et avec les producteurs quant à leur mode de production » afin de les inciter à réduire leur empreinte écologique, analyse l’expert.
La CMM recommande par ailleurs aux 82 municipalités d’interdire la distribution d’autres articles à usage unique sur leur territoire, ce que Montréal prévoit faire par l’intermédiaire d’un autre règlement, qui doit entrer en vigueur le 1er mars 2023. Celui-ci viendra bannir huit articles en plastique à usage unique, notamment les pailles, les assiettes, les verres et les ustensiles.
Ce règlement comprendra toutefois des exceptions. Ainsi, les épiceries pourront, par exemple, continuer de proposer des pailles et des gobelets en plastique dans leurs rayons. La Ville ne pouvant régir la distribution des aliments, elle ne pourra par ailleurs pas empêcher des fruits et des légumes d’arriver dans la métropole dans des emballages de plastique.
Adhésion volontaire
La CMM recommande finalement aux municipalités de la région d’emboîter le pas à Mirabel et à Montréal en adoptant un modèle de distribution des imprimés publicitaires – comme le Publisac – basé sur le modèle de l’adhésion volontaire. « Un règlement type destiné aux municipalités sera développé afin de freiner la distribution systématique des imprimés et de limiter ainsi le gaspillage des ressources et la quantité de matières envoyées à l’enfouissement », indique le plan de la CMM. Une idée que salue M. Ménard.
À Montréal comme à Mirabel, la révision du modèle de distribution du Publisac a entraîné une levée de boucliers de la part de certaines entreprises, en particulier Transcontinental. Karel Ménard ne doute d’ailleurs pas que les propositions inscrites dans ce plan de la CMM causeront des remous si elles sont mises en application.
« Si on veut changer les habitudes des gens ou les façons de faire des compagnies, les lobbys vont être là », évoque l’expert, qui estime donc que ce plan récoltera « beaucoup de résistance » dans les prochaines années.
Le plan de la CMM se donne notamment comme cible de réduire de 10 % la quantité de matières résiduelles générées par les municipalités de la grande région de Montréal.