Justin Trudeau n’ira pas à la conférence climat de l’ONU
Le premier ministre Justin Trudeau ne participera pas à la conférence climatique de l’ONU (COP27) qui débute dans quelques jours en Égypte, a confirmé mercredi son cabinet au Devoir. Près d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement prendront part à ce sommet, qui doit faire avancer la coopération internationale face à la crise du climat.
C’est le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui dirigera la délégation canadienne présente à la COP27, qui se tient du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh.
« Le Canada a fait beaucoup de progrès dans la lutte contre les changements climatiques depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris, tant au pays qu’à l’étranger, aux côtés de ses partenaires internationaux. Mais en réalité, les efforts mondiaux doivent radicalement s’intensifier », a fait valoir M. Guilbeault dans une déclaration écrite.
Ce grand rendez-vous onusien réunira quelque 190 pays qui participeront « à des négociations et des dialogues d’importance au sujet de la lutte contre les changements climatiques et de l’adaptation à leurs impacts », a précisé le gouvernement.
La délégation canadienne sur place comptera parmi elle l’« ambassadrice pour les changements climatiques » Catherine Stewart, ainsi que le négociateur en chef dans le dossier climatique Steven Kuhn. Des parlementaires y seront aussi, tout comme des représentants de diverses provinces, notamment.
Justin Trudeau n’y sera toutefois pas, a-t-on confirmé. « Les leaders ne participent généralement pas à chaque sommet », a précisé le cabinet du premier ministre. On a aussi indiqué que le Canada serait l’hôte en décembre de la prochaine conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15), « soulignant ainsi notre engagement continu à lutter contre le changement climatique au pays et avec nos partenaires internationaux ».
Chefs de gouvernement
La liste officielle des chefs d’État et de gouvernement qui prendront la parole à la tribune de la COP27 en début de semaine prochaine compte près d’une centaine de noms. Parmi ceux-ci, on compte des leaders européens, dont le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Olaf Scholz, et la première ministre italienne, Giorgia Meloni. Plusieurs dirigeants d’Afrique, d’Amérique du Sud, du Moyen-Orient et d’Asie seront aussi présents. Le président américain, Joe Biden, doit également participer à la conférence.
La COP27 se tiendra dans un contexte géopolitique international tendu, avec la guerre en Ukraine, les enjeux énergétiques en Europe, l’inflation et la pandémie. Le rendez-vous n’en demeure pas moins critique en raison des retards accumulés en matière d’ambition climatique, qui plombent toujours l’objectif de s’attaquer à la pire crise environnementale de l’histoire.
Si tous les pays respectent leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) actuels, le réchauffement planétaire pourrait atteindre près de 3 °C, alors que l’objectif de l’entente internationale signée à Paris en 2015 est de le limiter à un maximum de 1,5 °C. L’objectif est plus « fragile que jamais », a d’ailleurs reconnu récemment le président de la COP27, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry.
« Chaos climatique »
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique dans son plus récent rapport que, pour espérer limiter le réchauffement planétaire à une moyenne de 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions de GES de 43 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2019.
Le gouvernement Trudeau a annoncé plus tôt cette année une cible de réduction de 40 % d’ici 2030 par rapport à 2005. Cela signifie que le pays devrait alors émettre 443 millions de tonnes (Mt) de GES. Si on appliquait ici la cible inscrite dans le rapport du GIEC, les émissions devraient atteindre 416 Mt en 2030. La différence, soit 27 Mt, équivaut aux émissions annuelles de 11 millions de voitures.
Au début du mois d’octobre, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a d’ailleurs critiqué la lenteur des États développés à agir pour réduire leurs émissions. « Le chaos climatique avance au galop, mais l’action climatique, elle, est au point mort », a-t-il illustré.
Il a également dénoncé le retard et les carences des engagements collectifs des gouvernements du G20 (dont fait partie le Canada), qui, en l’état actuel, compromettent les chances de l’humanité de limiter l’augmentation de la température mondiale. « C’est une question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd’hui et pour notre survie demain », a-t-il souligné.