Que faire pour recycler des vêtements usagés, trop usés pour être réutilisés?

Ce texte est tiré du Courrier de la planète du 26 juillet 2022. Pour vous abonner, cliquez ici.
Une lectrice, Mireille Kirouac, nous demande s’il existe un endroit où il est possible de déposer ses vêtements trop usés pour être portés afin que la fibre soit recyclée.
Les nouvelles ne sont pas très bonnes. Recyc-Québec admet que les débouchés pour le recyclage du textile au Québec sont très limités, car la séparation et le tri des fibres sont une opération ardue qui représente des défis technologiques et financiers importants. On le sait, un vêtement peut être composé de plusieurs fibres mélangées.
En 2019-2020, les textiles représentaient 6 % des matières qui sont envoyées aux dépotoirs au Québec, une hausse de près de 3 points de pourcentage par rapport à 2011.
Quelques projets
Dans l’espoir de stimuler les initiatives pour trouver des débouchés, Recyc-Québec a financé plusieurs projets, dont celui de l’Atelier B, qui vise la récupération des vêtements de l’entreprise et des retailles de production. L’organisme a aussi donné un coup de pouce à General Recycled pour le recyclage de fibres d’aramide utilisées dans les uniformes de pompier. De son côté, CRB Innovation a reçu du financement pour le recyclage et la valorisation des textiles sanitaires. D’autres projets pourraient s’ajouter à la liste.
Il reste que, dans l’immédiat, cela ne règle pas le problème des citoyens qui voudraient disposer de façon responsable de leurs vieux vêtements.
La chaîne H & M invite ses clients à venir déposer dans ses magasins les vêtements qu’ils ne portent plus, peu importe leur état et peu importe la marque. En échange, l’entreprise offre un rabais pour un prochain achat. H & M affirme avoir récupéré 140 000 tonnes de vêtements dans le monde depuis 2013 et 18 800 tonnes en 2020. Sa campagne s’est cependant attiré de nombreuses critiques. Les vêtements recueillis sont-ils réellement recyclés ou prennent-ils, en partie du moins, le chemin de sites d’enfouissement quelque part dans le monde ? Notre demande d’information auprès de la chaîne basée à Stockholm, en Suède, n’a pas obtenu de réponse.
La campagne menée par H & M a aussi été perçue comme une façon de détourner l’attention des impacts environnementaux majeurs de l’industrie de la mode, considérée comme l’une des plus polluantes au monde.
Cette industrie est montrée du doigt en raison notamment de la grande quantité de ressources nécessaires pour fabriquer les vêtements, qu’il s’agisse de la consommation en eau, du recours aux pesticides et aux produits chimiques ou des émissions de gaz à effets de serre attribuables au transport des vêtements.
Pour fabriquer un simple t-shirt, il faut 2600 litres d’eau, selon les calculs effectués par le Water Footprint Network.
Aux États-Unis, 12 millions de tonnes de matières textiles sont envoyées aux sites d’enfouissement chaque année et seulement 1,7 million de tonnes sont recyclées.
Les friperies et le compostage, des options ?
De leur côté, les friperies du Québec ne recueillent généralement que les vêtements et tissus en bon état.
« On dit toujours : on donne à Renaissance ce que l’on donnerait à un ami ou un membre de sa famille, explique Marie-Claude Masson, directrice des communications chez Renaissance. Cela dit, nous recevons beaucoup de dons de vêtements inutilisables — certains peuvent être vendus à des partenaires qui en font de la bourre, des guenilles, etc. Mais, nous devons en détruire une partie aussi — cela implique des coûts pour Renaissance. »
Les écocentres à Montréal précisent aussi qu’ils n’acceptent que les vêtements et tissus en bon état. La Ville a toutefois versé 500 000 $ à Renaissance pour la réalisation d’un projet pilote sur le changement de comportement et le développement d’une nouvelle filière et réalisé en collaboration avec Vestechpro, un centre de recherche et d’innovation en habillement.
Et le compostage ? Même si les vêtements faits à 100 % de fibres naturelles comme le coton sont compostables en théorie, ils sont généralement refusés par les municipalités, indique Recyc-Québec. La fabrication de ces vêtements peut impliquer des produits chimiques. Ils peuvent par ailleurs contenir des boutons, des étiquettes ou des élastiques faits de matières synthétiques.
En attendant que de véritables débouchés soient trouvés pour les textiles, Recyc-Québec suggère aux citoyens de faire preuve de créativité en se fabriquant des guenilles ou, selon les talents de chacun, en créant des sacs réutilisables, des emballages cadeaux ou simplement en se servant de ces tissus pour recouvrir des objets à entreposer.
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