La cimenterie de Port-Daniel multiplie les rejets de contaminants

La cimenterie de Port-Daniel, en Gaspésie, est un des plus gros pollueurs industriels du Québec.
Cimenterie McInnis La cimenterie de Port-Daniel, en Gaspésie, est un des plus gros pollueurs industriels du Québec.

Depuis sa mise en service, la controversée cimenterie de Port-Daniel déroge « de façon régulière » à la réglementation environnementale du Québec, affirme le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) dans un préavis publié jeudi.

Après plus de 80 signalements de rejets polluants, le ministre Benoit Charrette entend donc ordonner à Ciment McInnis de corriger la situation.

Ce texte est publié via notre Pôle environnement.

En plus d’être l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du Québec, l’usine multiplie les infractions aux normes environnementales en place, selon ce qui se dégage du document produit par le MELCC. Une ordonnance sera émise par le ministre Charrette pour exiger la réalisation de « plusieurs actions visant à corriger la situation ».

Il faut savoir que le ministère a recensé, depuis 2017, pas moins de « 80 signalements à Urgence-Environnement et 11 plaintes pour des émissions de poussières ou la qualité de l’air », précise le préavis.

Le MELCC cite d’ailleurs plusieurs exemples. Ainsi, en août 2020, l’usine a rejeté « des poussières collantes » qui ont suscité des plaintes de citoyens. L’entreprise a même dû procéder « à environ 150 lavages de voitures et à une dizaine de lavages de maisons ».

Le même mois, des inspecteurs du MELCC ont constaté « le rejet dans l’environnement de poussières de clinker et de ciment, un contaminant susceptible de porter atteinte au bien-être ou au confort de l’être humain ».

En 2020 et en 2021, la cimenterie de Port-Daniel a également connu divers problèmes ou bris d’équipements qui ont entraîné des rejets de « contaminants atmosphériques » et de poussières découlant de sa production.

« Malgré plusieurs avis de non-conformité et une enquête pénale en cours, le ministère a dû évaluer d’autres recours à sa disposition pour faire corriger cette situation. Ainsi, le ministre entend signifier à l’entreprise une ordonnance afin de la contraindre à corriger cette problématique », précise le MELCC par voie de communiqué.

Cette ordonnance devrait notamment imposer à Ciment McInnis de « cesser le rejet de contaminants dans l’environnement au-delà des normes établies dans l’autorisation », de soumettre « un plan de contrôle des poussières et autres contaminants » et de réaliser les travaux correctifs approuvés par le ministère selon un échéancier précis.

La cimenterie de Port-Daniel, qui a coûté plus de 1,5 milliard de dollars, n’a jamais fait l’objet d’une évaluation environnementale sous l’égide du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Elle a fait perdre des millions de dollars aux contribuables québécois. Elle est aujourd’hui contrôlée par la filiale luxembourgeoise du conglomérat Votorantim Cimentos.



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