Gains mitigés en matière de réduction des GES à Montréal

Le secteur des transports continue de plomber la performance environnementale de la métropole, selon un récent bilan.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le secteur des transports continue de plomber la performance environnementale de la métropole, selon un récent bilan.

Montréal va-t-elle rater ses objectifs de réduction de 30 % des gaz à effet de serre (GES) ? Le bilan publié mercredi par la Ville montre que sur le territoire de l’île de Montréal, les émissions de GES ont diminué de 26 % entre 1990 et 2018, soit une détérioration de la situation par rapport au bilan précédent.

Depuis 1990, la réduction des émissions de GES est principalement attribuable à l’abandon du mazout dans les secteurs résidentiel, commercial et institutionnel, à la fermeture d’une raffinerie de pétrole dans l’est de Montréal et à la mise en place de systèmes de captation et de destruction des biogaz dans les lieux d’enfouissement.

En revanche, le secteur des transports, qui représente 39 % des émissions, continue de plomber les efforts de réduction des GES. Globalement, les émissions de GES ont augmenté de 5 % pour ce secteur depuis 1990.

Le nombre de véhicules a continué de croître plus rapidement que la population dans l’agglomération de Montréal. Ainsi, le parc automobile a augmenté de 25 % entre 1990 et 2018 alors que la croissance de la population a été de 11,3 % pour la même période. Le nombre de camions légers, tels que les VUS et les fourgonnettes, a connu une hausse vertigineuse de 253 % pendant que le nombre de véhicules légers a diminué de 14 %.

Les voitures électriques sont encore marginales. Au 31 décembre 2021, les véhicules électriques ou hybrides ne représentaient que 2 % du parc automobile alors que la cible pour 2030 est de 47 %.

Quant aux émissions liées au transport aérien, elles ont crû de 12 % entre 2017 et 2018 compte tenu d’une augmentation importante du nombre de vols de passagers. On observe aussi une hausse de 19 % en un an pour le secteur des industries manufacturières et de la construction.

Ces résultats montrent donc une certaine détérioration de la situation. Rappelons qu’en 2019, Montréal avait publié un bilan qui faisait état d’une réduction de 28 % des émissions de GES sur l’île de Montréal entre 1990 et 2015. « C’est vraiment dans le secteur des transports que le bât blesse », reconnaît Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement au comité exécutif. « Le nombre de véhicules augmente plus que deux fois plus vite que la population. […] Il va nous falloir des gestes forts pour réussir à prendre un virage de mobilité durable par l’adoption de transports actifs et collectifs et [l’augmentation du nombre de] véhicules électriques. »

L’effet de la pandémie

Les résultats publiés mercredi laissent-ils présager que Montréal pourrait rater ses objectifs d’une réduction de 30 % pour 2020 par rapport à 1990 ? Marie-Andrée Mauger a bon espoir que cette cible pourra être atteinte, d’autant que la pandémie devrait avoir un effet bénéfique sur les résultats.

« Du côté du transport aérien et routier, il y a eu une baisse massive », note l’élue. La Ville devrait être en mesure de savoir si elle a atteint ses cibles de 2020 lorsque les données seront comptabilisées l’an prochain.

Marie-Andrée Mauger croit aussi que Montréal pourra faire des gains importants du côté des bâtiments dans les prochaines années. En mai dernier, la Ville avait annoncé sa décision de ne plus autoriser de systèmes de chauffage aux énergies fossiles à compter de 2024. Elle avait également devancé d’une décennie, à 2040, son objectif de voir l’ensemble du parc immobilier de la métropole alimenté par des énergies renouvelables.

Son règlement sur la divulgation et la cotation des émissions de GES des grands bâtiments, entré en vigueur en septembre dernier, pourrait améliorer son bilan. Cette mesure devrait permettre à la Ville de connaître de façon précise la performance des immeubles et de développer des programmes adaptés à ce type de bâtiments.

Rappelons que Montréal vise une réduction des émissions de GES de 55 % d’ici 2030 et la carboneutralité d’ici 2050 en vertu de son plan climat 2020-2030 dévoilé en décembre 2020.

L’opposition à l’Hôtel de Ville estime que les progrès observés en matière de transition écologique sont bien limités. « La Ville de Montréal se heurte présentement à une crise du recyclage. Avant de promettre la carboneutralité d’ici 2050 aux Montréalais et Montréalaises, encore faut-il leur offrir les services de base pour améliorer l’environnement », a commenté la conseillère d’Ensemble Montréal Stéphanie Valenzuela. Celle-ci reproche aussi à l’administration de ne pas avoir mis en place le budget carbone promis en 2019.

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