La prochaine conférence de l’ONU sur la biodiversité aura lieu à Montréal en décembre

La deuxième partie de cette conférence devait avoir lieu cet été en Chine, mais les règles sanitaires et le confinement à répétition de grandes villes chinoises ont forcé les Nations unies à considérer un autre endroit que Kunming.
Photo: Adrian Dennis Agence France-Presse

La deuxième partie de cette conférence devait avoir lieu cet été en Chine, mais les règles sanitaires et le confinement à répétition de grandes villes chinoises ont forcé les Nations unies à considérer un autre endroit que Kunming.

La COP15, un sommet de l’ONU crucial pour fixer des objectifs de protection de la biodiversité, aura finalement lieu à Montréal au mois de décembre. L’objectif de la rencontre est de faire progresser la protection des écosystèmes et des espèces qui y vivent, dans un contexte d’érosion de plus en plus marquée de la biodiversité à l’échelle mondiale.

Cette COP15 devait d’abord se tenir à Kunming, dans le sud-ouest de la Chine, mais le sommet se tiendra finalement à Montréal, a indiqué mardi la Convention sur la diversité biologique (CDB). La Chine applique de nombreuses restrictions anti-COVID qui rendaient difficile l’organisation de l’événement dans le pays.

Prévue initialement en octobre 2020 en Chine, la conférence COP15 a été repoussée maintes fois. Une première partie, protocolaire, s’est tenue à Kunming en octobre 2021. La seconde, où doivent aboutir les négociations, aura finalement lieu du 5 au 17 décembre au Québec, puisque Montréal est le siège du secrétariat de la CDB.

« Harmonie avec la nature »

Les 196 membres de la Convention pour la diversité biologique de l’ONU — 195 États et l’Union européenne, sans les États-Unis — travaillent à un cadre mondial pour « vivre en harmonie avec la nature » d’ici 2050, avec une première étape en 2030.

Dans ce texte, que certains espèrent aussi ambitieux que l’accord de Paris sur le climat, il est question de protéger au moins 30 % des terres et océans d’ici 2030, de réduire les pollutions plastiques et agricoles ou encore de s’assurer de la bonne mise en oeuvre des objectifs adoptés.

Le temps presse, alors que les États ont échoué à tenir leurs engagements sur la dernière décennie et que la dégradation de la nature, qui fournit eau potable, air et nourriture, se poursuit à un rythme effréné.

Crise du vivant

 

Des espèces de mammifères qui disparaissent de plus en plus rapidement, victimes du braconnage et de la destruction de leurs habitats naturels, des populations d’oiseaux, d’amphibiens, d’insectes ou de poissons en chute libre et des écosystèmes jadis riches qui sont rayés de la carte au nom de l’étalement des activités humaines… Les voyants sont plus que jamais au rouge, à l’image de la « liste rouge » de l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui recense les espèces menacées et qui s’allonge année après année.

En entrevue au Devoir au début du mois de juin, la secrétaire exécutive de la Convention, Elizabeth Maruma Mrema, citait en exemple le portrait dressé par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) : pas moins d’un million d’espèces animales et végétales, sur les quelque huit millions estimées sur Terre, sont menacées d’extinction, dont « beaucoup dans les prochaines décennies ».

L’activité humaine est directement en cause dans les déclins observés un peu partout dans le monde. Déforestation, agriculture intensive, surpêche, urbanisation galopante, braconnage, exploitation des ressources naturelles non renouvelables : 75 % de l’environnement terrestre a été « gravement altéré » par les activités humaines et 66 % de l’environnement marin est également touché, selon l’IPBES.

Ambition canadienne

 

La situation est telle que le ministre canadien de l’Environnement, Steven Guilbeault, estime que les constats sur la sévérité de la crise climatique sont valables pour décrire la crise de la biodiversité. En entrevue au Devoir au début du mois, il soulignait aussi la nécessité de s’attaquer aux deux crises en même temps, notamment parce que la protection des écosystèmes naturels, comme les forêts, est considérée comme « une solution basée sur la nature » pour lutter contre le réchauffement du climat.

« Pendant trop longtemps, on s’est attaqués à ces questions en silo. Mais je pense qu’un des grands mérites de la présidence britannique à la Conférence climatique de l’ONU de Glasgow, en 2021, est d’avoir brisé ces silos et de faire en sorte que maintenant, quand on travaille sur la protection de la biodiversité, on travaille aussi sur la lutte contre les changements climatiques et la lutte contre la désertification », faisait-il valoir.

Le gouvernement Trudeau, qui fait partie de la « Coalition de la haute ambition » pour la nature, avec près d’une centaine d’autres pays, espère en outre que la Conférence des Nations unies sur la biodiversité sera l’occasion de rehausser les objectifs internationaux. Le ministre Guilbeault dit souhaiter que plusieurs États s’engagent, à l’instar du Canada, à protéger 30 % de leurs milieux naturels terrestres et marins d’ici 2030. « J’ai bon espoir d’une entente robuste. »

En ce qui a trait à la protection des milieux marins, la tâche s’annonce difficile, a reconnu Steven Guilbeault, puisqu’à peine 7 % de ces écosystèmes sont aujourd’hui protégés à l’échelle de la planète. « On part de loin, il y a beaucoup de travail à faire. Mais quand on voit à quel rythme les projets voient le jour, par exemple au Canada, on voit que c’est possible. »

En matière de protection des milieux naturels, la volonté de plusieurs États se heurte parfois aux politiques de certains gouvernements. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro au Brésil, par exemple, la destruction de l’irremplaçable forêt amazonienne s’est accélérée. Uniquement en avril, selon les données officielles, pas moins de 1000 km2 ont été rasés. Et au cours de la période 2020-2021, l’Amazonie brésilienne (60 % de la plus vaste forêt tropicale de la planète) a perdu 13 235 km2.

Avec l’Agence France-Presse

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