Une deuxième vie pour les déchets d’amiante

Une deuxième vie attend les 800 millions de tonnes de déchets d’amiantes laissés à l’abandon au Québec. Un minéral jugé « critique et stratégique » par le gouvernement pourra être extrait de ces montagnes de résidus stériles héritées du siècle dernier.
Le ministère de l’Environnement a annoncé jeudi la création d’un « Observatoire national de l’amiante » afin de concevoir une méthode pour « revaloriser » ces énormes tas de résidus miniers d’amiante qui jonchent la région de Thetford Mines et de Val-des-Sources (anciennement Asbestos). Québec espère tirer de ces rejets miniers « des millions de tonnes » de magnésium, un minéral jugé « critique et stratégique », de même que du nickel et de la silice.
Au sommet de sa production, entre 1966 et 1978, l’industrie de l’amiante au Québec extrayait près de 3 millions de tonnes de minéraux par an. Reconnue comme dangereuse pour la santé dans les années 1980, l’utilisation de l’amiante a par la suite rapidement décliné jusqu’à être interdite en 2019.
Dans son plan d’action dévoilé jeudi pour s’attaquer au problème, le gouvernement indique vouloir « décontaminer, réaménager et revaloriser » les terrains pollués par l’industrie minière. Un peu plus de 38 millions de dollars serviront à financer ces recherches dans la région de Thetford Mines et de Val-des-Sources d’ici 2025.
« La fermeture de la dernière mine d’amiante au Québec en 2012, ainsi que les diverses interdictions et restrictions législatives et réglementaires établies au Québec et au Canada relativement à l’amiante pour protéger la santé des populations et des travailleurs, n’ont pas pour autant éliminé la présence de cette matière dans notre environnement, notamment à Val-des-Sources. Il fallait trouver une façon de transformer ce passif en actif, et ce, en tenant compte des aspects économique, sanitaire, social et environnemental de la problématique », a commenté André Bachand, député de Richmond, au moment de présenter ce plan d’action.
Certaines études avancent que près de 1,2 milliard de tonnes de résidus miniers dorment au Québec, contaminant une superficie de 22,5 km2.