Récupérer adéquatement les réfrigérateurs pour rafraîchir l’atmosphère

Un frigo typique contient des gaz à effet de serre (GES) équivalant à une tonne de CO2 — autant qu’un vol vers l’Europe.
Valerian Mazataud Le Devoir Un frigo typique contient des gaz à effet de serre (GES) équivalant à une tonne de CO2 — autant qu’un vol vers l’Europe.

Ce texte est tiré de notre infolettre « Le Courrier de la planète » du 14 juin 2022. Pour vous abonner, cliquez ici.

Vous cherchez une manière simple et efficace de réduire votre empreinte carbone ? Récupérez adéquatement vos appareils réfrigérants.

Un frigo typique contient des gaz à effet de serre (GES) équivalant à une tonne de CO2. Ces gaz, des halocarbures, se trouvent dans le serpentin de refroidissement et dans les mousses isolantes des appareils. S’ils se dispersent dans l’atmosphère, des émissions supérieures à celle d’un billet d’avion pour Paris partent en fumée.

« Arrêtez d’abandonner vos appareils en bord de rue ! C’est la pire chose que vous pouvez faire sur le plan environnemental », supplie Jules Foisy Lapointe, le directeur général de GoRecycle, un organisme qui assure la récupération des appareils pour le compte de la plupart des grands détaillants d’électroménagers du Québec.

Le Devoir a rencontré M. Foisy Lapointe à l’écocentre de Saint-Laurent, à Montréal, où s’empilent dans un petit entrepôt quelques appareils que viendront chercher les camionneurs de GoRecycle. Un réfrigérateur, des climatiseurs et des refroidisseurs d’eau sont en attente de cueillette.

GoRecycle a été fondé au printemps 2021 en réponse au nouveau règlement québécois imposant à l’industrie des électroménagers de proposer un programme de récupération. L’organisme compte 278 points de dépôt, qui sont pour la plupart des écocentres, et gère aussi les vieux appareils ramassés par les livreurs d’électroménagers neufs. Il finance ses activités grâce aux écofrais de 30 $ par frigo.

Surtout, GoRecycle s’assure que le recyclage des appareils est fait dans les règles de l’art. En 2021, il a collecté plus de 83 000 appareils. Les réfrigérateurs ont pris le chemin de PureSphera, à Bécancour, qui est la seule usine en Amérique du Nord à extraire les gaz des mousses réfrigérantes. Les plus petits appareils ont été démontés dans des entreprises de réinsertion sociale. Tous les halocarbures ont ensuite été détruits.

Des objectifs à atteindre

Encore aujourd’hui, une grande portion des frigos hors service sont déposés en bord de rue, où des collecteurs de métal les ramassent. Ces derniers les vendent à des ferrailleurs. Rien n’assure que ces appareils sont convenablement traités, dénonce M. Foisy Lapointe. « Chez GoRecycle, on s’est rendu compte que bien des ferrailleurs affirmaient traiter les gaz, mais que c’était complètement faux », affirme-t-il.

Même les écocentres, qui acceptaient évidemment les vieux appareils réfrigérants avant l’an dernier, n’acheminaient pas tous leur récolte à l’une des rares usines aptes à détruire les halocarbures. Une grande partie du butin se retrouvait entre les mains des ferrailleurs.

GoRecycle devra maintenant se conformer aux cibles imposées par le règlement québécois : dès 2024, 70 % des appareils arrivant en fin de vie devront être récupérés. L’organisme, qui considère que cette cible est « complètement aberrante » car trop élevée, fait des démarches auprès du gouvernement pour l’abaisser.

« On veut progresser, mais c’est impossible d’atteindre 70 % en trois ans, soutient M. Foisy Lapointe. On fait actuellement des réserves financières pour se préparer à payer les pénalités. »

L’organisme implore donc le public de faire un effort. Il prévoit de récupérer 140 000 appareils cette année : l’équivalent de retirer 50 000 véhicules à essence des routes pendant un an.

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